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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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21/07/2008

La V° République version VI° avec des moeurs de la IV°

Le plus cocasse dans cette réunion du Congrès de Versailles, c'est sans doute l'empressement avec lequel François Fillon a défendu une réforme qui consacre, de façon insdiscutable, la présidentialisation du régime voulue par Nicolas Sarkozy. Celui-ci, et ses successeurs auront le loisir de s'adresser au Parlement pour défendre, en direct, leur politique et surtout montrer qui gouverne le pays. Sachant qu'il n'obtiendrait pas de réforme de la Constitution qui remette en question l'article 20, et la pérogative laissée au gouvernement de "déterminer et conduire la politique du pays", il a opté pour une évolution qui renforce le magistère présidentiel et fait entrer la V° dans une nouvelle ère. Façon VI° république. Le renforcement parallèle du rôle dévolu au Parlement est, bien entendu, l'antidote affichée, réponse à ceux qui se désolent d'observer, de législature en législature, le peu de pouvoir laissé aux élus du peuple qui, en théorie, ont pourtant l'inititiative des lois.

Qu'en sera-t-il en réalité? L'ordre du jour du parlement sera, certes, peut-être plus discuté qu'auparavant mais, depuisque le passage au quinquennat a conduit à l'ajustement quasi inéluctable des majorités présidentielles et législatives, les députés n'ont pas gagné en indépendance, loin s'en faut, et ça ne va pas changer comme par enchantement, sous prétexte d'une réforme sous haute surveillance. Ne parlons,que pour mémoire, de la place laissée à l'opposition dont on se rendcompte, depuis un an, qu'elle est plus que jamais condamnéeà l'impuissance. Et ce n'est pas la validation des nominations de hauts fonctionnaires par le parlement qui redonnera ses couleurs à une démocratie représentative mal en point. Pour qu'il en soit autrement, il aurait fallu beaucoup plus que cette réforme: accepter dans les élections à venir une dose de proportionnelle qui permette l'expression de minorités, revoir la géographie électorale du Sénat dont la composition sous estime la représentation d'une France devenue largement urbaine, instituer une possibilité de référendum populaire qui ne doive pas au bon vouloir des élus. Surtout, il aurait été hautement souhaitable que ces changements fassent l'objet du plus grand assentiment, qu'ils soient l'expression d'une très large majorité pour l'évidente raison que des institutions ne doivent pasêtre l'apanage d'un parti, d'une équipe au pouvoir mais le lieu commun du bon exercice de la démocratie, accepté par toutes les familles politiques. Cela n'a pas été le cas et, sur un dossier qui aurait mérité élévation et consensus, le pouvoir a suscité des marchandages qui non seulement n'honorent guère la V° République mais rappellent les pratiques de la IV°.

Joël Aubert

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