L'ÉDITO
par Joël AUBERTLa Nuit debout : la politique et les politiques au pilori
En lecture immédiate, bien sûr, le refus de la loi El Khomry a servi de détonateur; ce n'est pas par hasard que l'on repère, dans ces rassemblements, le témoignage de ceux qui vivent de longue date dans une sorte de précarité organisée : on pense aux intermittents du spectacle et à cette affiche : « Foule sentimentale ; on a soif d'idéal, je suis intermittente à 60 ans et je dois travailler jusqu'à....pour la retraite ; j'ai commencé à travailler à 16 ans...Bref !" Un monde où se côtoient les générations mais où les jeunes ont le sentiment qu'ils seront, à jamais, laissés pour compte. Des assemblées où la finance est pointée comme « l'ennemie » sur le mode de l'ironie appuyée, par référence au fameux discours du candidat Hollande ; où on défend un autre mode de développement et une certaine frugalité qui, ici et là, se glisse dans l'air du temps.
Qu'adviendra t-il de ce printemps français qui point dans nos villes. ? Un mouvement hors les partis, qui ne veut d'ailleurs pas en entendre parler ? Une nébuleuse citoyenne susceptible de régénérer l'idéal démocratique? Une somme de mouvements contestataires, versant dans un activisme qui puiserait l'aliment de ses batailles dans les projets et débats de la vie locale ? C'est bien difficile à imaginer mais cela mérite une attention vigilante, c'est à dire autre chose que des jugements à l'emporte-pièce ou des appels à la répression.