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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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16/07/2018

La liesse, oui… mais pas sans lucidité

Ce pays que nous avions connu, si admiratif des exploits de Zidane dans cette finale d'il y a vingt ans, est remué , bouleversé dans ses profondeurs, par ses héritiers de 2018, les siens et ceux de Lilian Thuram qui mène, de façon parfois incomprise mais inlassable, un combat contre le racisme. L'occasion se présente à chacun d'entre nous de ne pas laisser pareille occasion s'enfuir pour contredire cette xénophobie qui déferle sur l'Europe et ce, sans verser dans l'angélisme face aux défis immenses que représente, en premier lieu, la réintégration de nos enfants des « quartiers » au sein de la République. Et de ses valeurs.

Serait-ce impossible, dès lors que des jeunes gens qui en sont issus, de Bondy ou de Lagny et pourraient, après tout, n'être considérés que comme ces mercenaires du sport professionnel, se drapent du drapeau et sont à l'évidence fiers de partager le bonheur éphémère d'un pays qui a tant besoin de partage pour vivre et avancer ? Certes non ; encore faut-il considérer que s'ils en sont arrivés là, ils le doivent à leurs parents, aux éducateurs qui les ont fait grandir mais aussi aux moyens qui ont été mis pour les faire s'épanouir au sein du groupe, du collectif. Songeons à la façon où, depuis les premiers moments où ils ont été détectés avant d'être suivis et accompagnés, ils ont appris à partager, au-delà des rivalités et des ambitions personnelles. Pour bâtir une équipe de France comme celle-là, il a fallu non seulement un encadrement, des techniciens, des psychologues mais aussi de l'argent. Beaucoup d'argent et une culture, entretenue, de la fraternité.

 

Il devrait bien méditer tout cela ce président qui sautait de joie dans les tribunes du grand stade de Moscou et embrassait sur le front Kylian Mbappé, l'enfant de Bondy, émerveillé et assez lucide et malin pour avouer : «  ce succès nous le devions aux Français. » Songeons à ce cri de détresse du maire de Sevran, voilà quelques semaines, démissionnant face ce qui lui semblait, de plus en plus, comme une mission impossible face aux inégalités très fortes, entre cette autre France périphérique et celle des métropoles, face au poids de l'économie souterraine, de cette drogue qui pourrit la vie des gens et souvent alimente le communautarisme. Réveillez-vous là-haut, réveillons-nous ! La liesse est belle mais le réel est tenace.

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