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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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01/07/2012

La gauche au pouvoir face à l’impératif européen

D’abord; constatons que l’alternance droite-gauche s’est passée sans que le pays perde sa crédibilité dans le concert mondial et européen. Rien que de très normal dira-t-on ; certes mais souvenons-nous de la catastrophe annoncée pendant la campagne présidentielle et des noms d’oiseaux qui accompagnaient la possible l’élection de François Hollande.

La nouvelle équipe s’est dans l’ensemble mise en place en donnant l‘impression qu’elle assumait les contraintes du pouvoir. Le président, lui-même, a tenu son rang, confirmant la pugnacité qu’on lui attribue, notamment sur la scène européenne et jouant avant le sommet de ces derniers jours une partition de contournement de l’obstacle allemand, avec la complicité objective de Mario Monti et de Mariano Rajoy. A cet égard, notons que ce qui pouvait être considéré comme un manque de personnalité, ou un effacement relatif de l’Ego, peut dans certaines circonstances  autoriser des compromis utiles. En clair, il y a peu de chances que le directoire franco-allemand, façon « Merkozy », trouve son équivalent.

Ensuite, et c’est la conséquence de cette posture hollandienne, le premier ministre est déjà beaucoup plus en première ligne que François Fillon, son prédécesseur. La pratique des institutions et on s’en apercevra, mardi, avec le discours de Jean-Marc Ayrault à l’Assemblée, retrouve un équilibre plus conforme à la Constitution et à son fameux article 20. : « Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. » Autant dire que par les temps qui s’annoncent, ceux d’une stricte gestion de gauche, le président de la République a tout intérêt à ne pas monter au créneau pour un oui ou pour un non.

Car la crise est là et bien là avec une croissance nulle et un chantier de désendettement promis très difficile à atteindre en 2013 : le déficit budgétaire ramené à 3% du Produit national, du PNB. Les mesures d’économie imposées à la plupart des ministères vont être lourdes de conséquences et il faudra, à ce gouvernement, une sacrée dose de volonté pour les faire accepter. Ne nous y trompons pas : elles découlent de l’impératif européen que François Hollande a accepté, donnant ainsi un gage que l’Allemagne de Merkel attendait pour céder en particulier sur le principe de la mutualisation des dettes bancaires. La facture, le moment venu, sera salée pour le contribuable européen et, à ce jeu là, nous paierons presque autant que l’Allemagne.

Le scénario de gouvernement que la gauche met donc en place, confirme qu’elle s’apprête à entrer dans le vif du sujet, sans attendre. Une option que la droite aura du mal à lui reprocher autrement que par des railleries sur le thème : « on vous l’avait bien dit. » Saura-t-elle conserver assez de confiance pour imposer de nouveaux sacrifices, pour mettre en œuvre d’amères potions fiscales ? C’est son plus grand défi mais elle ne pourra pas s’abriter derrière l’absence de moyens pour gouverner. Elle dispose en effet de tous les leviers politiques ou presque : Assemblée, Sénat, Collectivités en grand nombre ; elle a donc l’obligation de passer à l’acte, sans tarder, avec un sens de la justice qu’on lui reconnaît naturellement mais qui n’est pas un gage absolu de réussite.

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