La baisse de la TVA dans la restauration: un nouveau cadeau fiscal?

Mais le fait que des élus du camp majoritaire, plutôt bien placés car vivant dans des zones à haute fréquentation touristique comme la Côte d’Azur, doutent du respect des engagements pris par le secteur est déjà assez troublant.
Rappelons que cette très ancienne revendication du passage de 19,6 à 5,5%, défendue à l’origine par le gersois André Daguin répondait à un objectif majeur : créer des emplois en grand nombre. Le temps des chiffres ronds qui sonnent comme des promesses à tenir est derrière nous.
Les yeux se tournent, en attendant de vrais bilans qu’il serait certes présomptueux de tenter d’établir dès aujourd’hui, vers l’ardoise des restaurateurs et la note acquittée à la sortie d’un repas d’été. Et, le moins que l’on puisse dire, est que des baisses de prix on ne voit guère ou plutôt qu’il est quasiment impossible de les identifier. Seul un comparatif réel aurait du sensmais à part les quelques relevés qui ont été effectués par la Direction de la Concurrence et des Prix avant l’entrée en vigueur de la baisse de la TVA, le consommateur ne dispose pratiquement d’aucun moyen de comparaison. Le sentiment prévaut, d’ailleurs, que cette réforme n’aura pour celui-ci aucun impact significatif. Décidée avec énergie par Nicolas Sarkozy, ne serait ce que pour tenir sa promesse de campagne et faire mieux que Jacques Chirac, elle va surtout contribuer à creuser un peu plus les déficits qui sont déjà abyssaux.Souvenons-nous qu’elle a donné lieu aussi à des arbitrages européens délicats, l’Allemagne n’étant guère empressée à soutenir l’hôte de l’Elysée contre la Commission de Bruxelles.

Le danger serait, maintenant qu’elle a été mise en œuvre sans véritable garantie de retour, qu’elle ne paraisse comme un nouveau cadeau fiscal, bien malvenu en période de crise. Voici en tout cas un dossier sensible qui exige que le gouvernement réunisse les professionnels et leur demande des explications, en attendant que les promesses soient tenues.

Joël Aubert