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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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03/11/2013

L’Union Européenne en panne d’harmonisation

Un acte de foi que l'homme avait réussi à faire partager à un Mitterrand ou un Khol. De cette Europe là, portée par une génération qui avait connu la guerre, que reste-t-il aujourd'hui ? Une monnaie, en effet, dont le cours n'a quasiment jamais été aussi élevé, ce qui handicape les exportations du vieux continent, une monnaie qui n'est pas, comme aux Etats-Unis ou au Japon, l'instrument privilégié de la politique économique mais l'étalon voulu par l'Allemagne pour renoncer à sa propre monnaie. Une monnaie, plus grand dénominateur commun – ou plus petit cela dépend si l'on consent à rester optimiste ou pas- et, hélas, le seul d'une Union Européenne, en panne. Et dont les chefs d'Etat ne semblent même pas prêts à accepter que le président de la Commission européenne, comme le rappelait ces jours-ci Alain Lamassoure, député du Sud Ouest et président de la commission des budgets en taclant Angela Merkel, soit désigné par le Parlement comme cela est prévu. C'est dire, à quel point, l'expression populaire émanant des électeurs appelés aux urnes en mai 2014 est considérée par la chancelière.

Quant à la fameuse harmonisation, point de passage obligé vers une plus grande efficacité de l'économie de l'Union mais aussi moyen de tirer vers le haut des pays qui allaient la rejoindre, il faut bien admettre qu'elle n'a guère avancé. L'Europe fiscale est un leurre et l'Europe sociale, chère à Delors, victime d'un élargissement précipité, reste un concept creux. C'est le temps de la main d'oeuvre « low cost » que l'on fait venir des pays de l'Est avec la bénédiction des états concernés. Les manifestants bretons n'avaient pas tort de rappeler que le salaire horaire d'un ouvrier roumain dans les abattoirs allemands ne dépassait pas 5 euros...Encore ne faut-il pas nécessairement franchir nos frontières, qui n'en sont plus, pour trouver dans l'Hexagone des entreprises qui font de même.

Ce constat, désespérant, sonne-t-il pour autant le glas de l'Union Européenne ? On s'accroche à l'idée que le mal à venir, en cas d'effondrement de l'Europe, serait bien pire encore que la situation actuelle. Pour autant, il est impossible qu'elle survive longtemps encore, sauf à ne plus être qu'une zone de libre échange qui ne veut pas se l'avouer, un alibi en temps de crise... A moins que ne se produise un sursaut. A commencer par celui des pays fondateurs qu'hélas on ne sent pas venir. L'Allemagne, dont la relative prospérité s'accommode parfaitement de la situation actuelle de l'Union, ne sera pas un élément moteur de cette relance; la France est empêtrée dans ses difficultés internes et semble incapable de s'en extraire à moins d'une nouvelle donne au sein de l'exécutif; le Bénélux n'a plus les figures qui naguère jouaient un rôle d'entraînement et l'Italie tente, non sans mal, de se sortir de la dépression politique et économique où l'a plongée le berlusconisme.

Voici, en tout cas,  une raison supplémentaire pour que les élections européennes du printemps prochain ne soient pas escamotées, venant juste après les municipales et que les électeurs de l'Union soient avertis des poisons mortels de l'extrémisme. En un mot que chacun d'entre nous fasse l'effort d'expliquer les enjeux de ces élections et que nous sachions interpeller les partis de gouvernement pourqu'ils ne rendent pas l'Europe, seule, responsable de la crise actuelle qui la frappe mais, au contraire, l'aident à se réveiller.

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