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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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31/07/2011

L’inquiétante campagne libyenne de l’armée française.

Petit rappel : sommé de voler au secours du peuple libyen écrasé par les troupes de Kadhafi, notre pays est entré en guerre. Et ceci sous l'impulsion d'un Nicolas Sarkozy plus qu'attentif aux injonctions de Bernard- Henri Lévy. Voilà la France embarquée, avec la complicité des Anglais et le soutien obligé des Américains qui n'en voulaient guère, dans une campagne de frappes aériennes, officiellement destinées à protéger les populations civiles. Celles-ci ont sans doute contribué à éviter le pire du pire, c'est à dire ce qui se déroule, aujourd'hui, en Syrie, sans que nous puissions faire autre chose que de nous indigner, de peur de trop fâcher son allié iranien. Engagée,  désormais, dans une opération dont le but s'éloigne, de plus en plus, des objectifs initiaux, la France est devenue l'alliée préférentielle du Conseil National de Transition libyen dont le moins que l'on puisse dire, après l'assassinat du général Younès, c'est qu'il ne devrait guère inspirer une confiance aveugle.

Kadhafi s'accroche au pouvoir, avec nombre de fidèles et sans doute des aides qu'il aurait hier encore désavouées, celle de l'Iran par exemple, trop heureux de mettre en difficulté une coalition occidentale. Vouloir négocier son renoncement au pouvoir participe de l'utopie et il faut craindre une manière d'enlisement, lourde de conséquences pour notre pays. D'abord, pour le maintien opérationnel d'une armée qui n'a pas les moyens humains et financiers de faire face à un conflit de longue haleine. Ensuite, à cause du risque dont on ne parle pas dans les cercles gouvernementaux mais qui est bien réel et très inquiétant, celui de la partition de la Libye elle-même. Avec tout ce que cela implique. Nous ne devrions pourtant pas oublier que cette République, née de la révolution Kadhafienne en 1969 est immense par sa superficie et divisée comme peu de pays au monde peuvent l'être. Entre la Tripolitaine à l'ouest, la Cyrénaïque à l'est et le Fezzan au sud, ce désert sans fin, porte d'entrée de tous les trafics et du terrorisme vers l'Afrique noire. Un pays totalement composite et féodal qui a soixante d'ans d'existence, après l'empire ottoman et la colonisation italienne. Autant dire que la France, n'étant pas l'Amérique et n'aspirant pas à le devenir, ne pourra pas, pendant longtemps encore, faire l'économie d'un vrai débat sur sa campagne libyenne. Et pas seulement Nicolas Sarkozy et son gouvernement, mais l'opposition tout autant qui n'a pas su faire autrement que de souscrire au soutien à une révolution improbable.

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