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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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20/04/2012

L’inconnue du premier tour

Désolation car de débat nous n'avons guère connu non plus que de réponses vraisemblables à quelques uns des problèmes majeurs qui touchent le pays. Et, parmi eux, le sous emploi, la pauvreté, le logement, la dépendance et la santé, l'échec scolaire.

Certes il en aura été question :

1.Du chômage et de la nécessité de réindustrialiser le pays, de produire français des sujets qui ne pouvaient, à priori, que rassembler les candidats mais dont l'analyse des causes a largement renvoyé chacun d'entre eux aux querelles idéologiques ou aux récupérations politiciennes. Songeons au référendum sur les indemnités de chômage ou à la TVA sociale... Le temps de travail serait trop court en France, son coût trop élevé et le droit du même nom ne serait pas assez flexible...Ce discours n'est pas nouveau. Les salaires trop bas, les retards en matière de recherche développement, le nombre insuffisant de PME et l'absence de moyens de financements adaptés sont des thèmes récurrents.  Autant de constats qui déboucheront sans doute sur quelques améliorations, un plus grand volontarisme. Dommage que l'on ne se soit pas préoccupé, par exemple, de proposer de nouveaux outils pour solliciter l'épargne des Français, aussi abondante que dormante. Mais, hélas le temps perdu  ne se rattrapera plus, en tout cas il en faudra beaucoup, de l'ordre de dix ans, pour que la production remonte à un niveau de création de richesses digne d'un pays qui se dit développé.

2. De la pauvreté on n'aura guère entendu de suggestions pour la combattre. Il est vrai qu'il y a tant à faire déjà pour tenter de trouver un job aux plus jeunes sans désespérer définitivement les chômeurs les plus âgés. Alors se préoccuper de ces millions de pauvres que notre société ne veut pas voir ?... Comme si elle craignait, elle-même d'être entrainée dans la misère, dans la froide comptabilité de celle-ci : arbitrer entre se loger et se chauffer par exemple, cette nouvelle forme de précarité que l'on nomme énergétique et qui renvoie à un passé que l'on croyait à jamais révolu.

3.Du logement qui est l'un des  vrais scandales français alors qu'une loi a montré le chemin voilà plus de dix ans mais  sans parvenir à mobiliser comme il aurait fallu les pouvoirs publics, état, communes, collectivités pour relever, à grande échelle, le défi du logement social dans une société dont pourtant il sautait aux yeux que globalement elle s'appauvrissait. Ce qui n'empêchait nullement, au contraire, l'immobilier de flamber. Des loyers inaccessibles, bloquant  souvent la mobilité  des familles et freinant la création d'emplois.

4.De la dépendance qui devait être un des grands chantiers du quinquennat qui s'achève, chantier qui a tourné court faute de vouloir se donner les moyens d'en faire une priorité nationale. Pourtant voici l'un des plus grands défis que la société française va devoir relever alors que le vieillissement de la population est inéluctable. Et que le nombre des personnes âgées dépendantes va augmenter avec l'arrivée parmi elles des générations de l'immédiat après guerre. Les simulations à cet égard ne laissent aucun doute sur les difficultés que notre pays va rencontrer. Les aides, allocation personnalisée à l'autonomie notamment, l'APA, ne pourront subvenir aux nouveaux besoins et les charges revenant à la personne ou aux familles croîtront inévitablement, tandis que le budget des collectivités ne sera pas extensible.

5. De l'échec scolaire qui est un des fléaux les plus lourds, sinon le plus lourd, dont l'impact est considérable sur la vie sociale, sur l'adaptation future des jeunes au monde de l'emploi et qui nécessite un effort prioritaire. Dès l'école primaire où tout se joue et où les enseignants, malgré eux, sont souvent impuissants à corriger les handicaps des enfants, les carences d'une éducation familiale aléatoire. Jamais l'école primaire n'a mérité autant de moyens pour assurer les premiers savoirs fondamentaux, la maîtrise de la lecture, de l'écriture, le calcul. Le soutien toujours affiché mais qui a tant de mal à être effectif. Nous devrions pourtant  faire de l'école une grande cause nationale à l'heure où il est tant question d'un ascenseur social en panne.

Chacun de ces sujets et celui de la santé qui renvoie, on le sait bien ici en Aquitaine où la désertification médicale est à nos portes, à de nécessaires réformes auraient mérité mieux que des faux débats, à moins qu' à peine esquissés, ils ne succombent à la froide comptabilité des déficits publics. Ils devront attendre, sans doute pas très longtemps car ce qui se lève aussi dans cette campagne c'est une exaspération porteuse de lendemains sociaux et ce quel que soit le vainqueur.

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