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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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19/04/2015

L’Hermione, l’Amérique, la liberté et un certain traité transatlantique…

Mais, puisqu'il est question de célébrer, au moins jusqu'à la fin de l'été et le terme de l'expédition, les valeurs de la liberté, celle que Lafayette voulut faire triompher, les armes à la main, et de le faire en osmose avec les Etats-Unis, pourquoi ne pas saisir l'occasion pour évoquer aussi un sujet qui fâche ? Ou, du moins qui commence à vraiment inquiéter le citoyen qui a le sentiment que les décisions qui engagent son avenir se prennent dans son dos. LA question du futur traité transatlantique de libre-échange.

Deux sigles successifs, TAFTA et TTIP, pour un même objectif : parvenir, au terme de négociations globales, en cours depuis deux ans, à abolir le système commercial, et même au-delà, existant entre l'Europe et l'Amérique, au nom de ce que pareil accord semble autoriser : un bond en avant des économies des deux grands partenaires de l'Occident qui s'entendent, en pensant qu'ils seront plus forts face à la Chine. Or, le moins que l'on puisse dire c'est que ces négociations pour lesquelles la Commission européenne a reçu mission des Etats se déroulent en grand secret au point qu'elles suscitent une émotion grandissante. Et, pas seulement parmi les associations non gouvernementales, partis ou mouvements politiques, aux deux extrémités de l'échiquier politique pour ne parler que de la France. Ici même, nous avons eu l'occasion d'évoquer des initiatives citoyennes, dans les Landes par exemple dans la région du Seignanx. Mais c'est en Allemagne que depuis quelques semaines l'opposition va grandissante, au point qu'elle embarrasse de plus en plus le gouvernement de coalition CDU-SPD d'Angela Merkel. En effet, les Allemands se divisent, chaque jour davantage, sur les bénéfices supposés de ce traité pour leur propre économie qui ne serait pas forcément gagnante à épouser cette nouvelle donne transatlantique. On cite souvent, comme l'exemple repoussoir parfait, le refus de la viande aux hormones et les OGM dans l'alimentation. Et s'il est vrai que le consommateur européen n'est sans doute pas prêt à accepter des produits issus d'une agriculture industrielle à grande échelle - encore que déjà l'on ferme bien souvent les yeux sur les aliments du bétail importés – il ne l'est pas moins que les négociations, pour ce que l'on en sait aujourd'hui, ne concerneront pas que l'abaissement des barrières douanières. Elles peuvent déboucher sur une juridiction arbitrale internationale qui viendrait supplanter celle de l'Europe seule et des Etats.

En ces temps de crise, ou à tout le moins de chômage de masse en Europe, cette nouvelle étape qui se prépare, de la mondialisation, a le plus souvent l'aval des gouvernements en place, à la recherche de l'investissement et de la croissance. Mais les peuples semblent pour l'essentiel hors jeu. Certes on expliquera qu'ils auront, en quelque sorte, le dernier mot à travers leurs représentants et le Parlement européen. Mais le précédent de la Constitution Européenne est dans beaucoup de mémoires. Et, il conviendrait de ne pas laisser aux populismes d'ici, le soin de faire profiter leurs fonds de commerce faute d'explications et d'engagements clairs de ceux qui gouvernent. A Paris, comme à Bruxelles ou Strasbourg... ou Berlin.

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