L’Express, l’Expansion, une presse à vendre et une autre à réinventer

Il ne s'agit pas ici de pleurer sur le sort de journaux qui ne vont pas disparaître mais comme beaucoup d'autres revoir la voilure. Le temps des pères fondateurs, les Servan-Schreiber, les Françoise Giroud, les Jean Boissonnat était déjà bien loin de l'esprit des éditeurs qui leur ont succédé. Il faut s'appeler le Figaro, avoir derrière soi un industriel comme Dassault, dans le cas précis choisir une ligne éditoriale qui n'a plus rien à voir avec l'histoire du titre, pour franchir le cap des mutations continues de la presse et s'en sortir, notamment via le net. La chronique des journaux malades ou maintenus en vie par d'autres industriels, Libération par exemple, va croître au fil des mois et des années; elle n'épargnera pas la presse régionale, historiquement florissante et qui semblait inamovible dans les territoires qu'elle contrôlait. Déjà, année après année, son lectorat s'érode et elle peine à gagner de nouveaux lecteurs sur le support numérique, les plus jeunes notamment qui ont été -mal-habitués aux gratuits, eux-mêmes aujourd'hui en difficulté.

L'enjeu de ces évolutions qui ont tendance à s'accélérer est d'autant plus considérable que la presse régionale va devoir revoir le périmètre de ces éditions, sa couverture de l'information de proximité dont il devient de plus en plus évident qu'elle sera remplacée, souvent, par une communication politique, avantageuse pour les pouvoirs en place. Et, ceci, à un moment qui, pourtant, devrait pouvoir susciter la création d'une information de qualité, approfondie, expliquant les enjeux de la nouvelle carte institutionnelle et administrative du pays. Ce n'est pas du jour au lendemain que des titres qui se battent pour garder leurs lecteurs sur des territoires issus pour beaucoup de la reparution de la presse à la Libération, vont être en mesure de déployer des moyens pour traiter la vie politique, économique, sociale, culturelle d'une grande région. Il faudra donc qu'ici et là, de nouvelles souches d'informations locales portées par des journalistes, des éditeurs, voient le jour. Plus facile à dire qu'à faire, en ces temps où la presse numérique se cherche un modèle économique et où il faut convaincre, en expliquant encore et encore, que l'indépendance de la presse doit avoir un prix.

C'est que nous nous efforçons de faire ici, à Aqui, en commençant par faire appel à nos lecteurs pour qu'ils participent à la campagne de crowdfunding que nous avons lancée. Un titre comme le nôtre qui a consacré, depuis bientôt huit ans, quelques 11.000 articles à sa région avec le souci de dire, de mettre en valeur les initiatives, les hommes et les femmes qui créent et se battent pour son économie, sa culture, son vivre ensemble, mérite à nos yeux votre soutien.

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