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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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07/06/2009

L’Europe française désavoue le PS et se met au vert

Le plus lourd de sens reste quand même cette abstention record, au cœur d’un pays fondateur de la construction européenne. Si ça ne s’appelle pas une crise de confiance alors on ne sait comment qualifier pareil désintérêt. Il faut l’admettre : l’Union Européenne, aux yeux des Français, ne semble pas, ou plus, digne d’engagement. Du moins, l’Union telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, dont le rôle protecteur, tant vanté par le parti au pouvoir est tout sauf évident. Le divorce est profond, et il remonte, pour l’essentiel, à ce référendum de 2005 rejeté massivement par le peuple. La crise financière actuelle, ses conséquences souvent dramatiques pour l’emploi, ajoutent à ce désaveu. La préférence communautaire n’est plus de mise et l’élargissement de l'Union, mal maîtrisé, à 27 pays donne de l’Union l’image d’un conglomérat où les différences abyssales des niveaux de vie, de protection sociale sont elles-même source d’incompréhension. On est bien loin de l’utopie fédéraliste chère au mouvement européen de l’après guerre ! Faut-il pour autant jeter l’Union aux orties, considérer comme cela a été dit pendant la campagne électorale que le chantier devrait être repris à la base avec une Constitution soumise aux citoyens européens le même jour? Cette hypothèse est d’autant plus improbable que les pays fondateurs ne sont absolument pas disposés à rouvrir ce chantier. Ils vont attendre l’automne et le nouveau vote des Irlandais, en croisant les doigts pour que le traité de Lisbonne puisse entrer en vigueur. L’Union est donc provisoirement condamnée à vivre sa vie sous la houlette d’une Commission dont le président Barroso passe pour être un « affreux libéral », un Parlement dontla majorité ne changera pas, sera même plus à droite, et un Conseil européen où la France et L’Allemagne devront composer avec les présidences tournantes.
Reste l’inconnue de la tonalité écologiste d’un Parlement où l’impact du vote français va quand même se faire sentir.
Cette percée des Verts résonne comme l’expression d’une attente des citoyens que la crise, autant que le Grenelle de l’Environnement, font réfléchir. Sur l’essentiel et l’accessoire. Sur nos modes de vie. Ce succès souligne, cruellement, par contrecoup la vacuité du parti socialiste dans ce débat, non point qu’ici et là au sein des collectivités il en soit absent. Au contraire. Mais son fonctionnement d’un autre âge, sa démocratie d’appareil, sont inadaptées aux attentes de la société. Le désaveu que l’électorat populaire, son électorat naturel, vient de lui infliger est cinglant. Divisé, y compris sur l’Europe, incapable de propositions réalistes, le PS ne joue plus le rôle d’opposant dont la démocratie française aurait pourtant un immense besoin.

Joël Aubert

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