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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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14/03/2010

L’abstention, ce nouveau mal français

Voici la nouvelle expression du mal français: le renoncement à dire son mot, à choisir ceux qui sont en charge de donner ses couleurs à la démocratie. Certes ce n'est pas une révélation; la tendance s'affirme d'un scrutin à l'autre à l'exception notable de l'élection présidentielle et de l'élection municipale. Mais c'en est bien fini de ce civisme que notre pays revendiquait comme une exception. Et il convient d'en chercher les causes, les causes profondes. 

Deux s'imposent à nos yeux:  d'abord le décalage qui grandit, chaque jour davantage, entre le citoyen et celui qui le représente, entre les promesses sur le thème partout entendu "non aux délocalisations" et la réalité du pouvoir des politiques, de ceux qui  nous gouvernent et pour qui la communication politique tient lieu de programme. Songeons à ces électeurs du Front national qui ont cru en la parole sarkozyenne, le temps d'une présidentielle et qui s'en retournent dans la famille frontiste de l'inexpugnable le Pen. Songeons à ces électeurs de droite qui ont porté Nicolas Sarkozy à l'Elysée et qui ne se reconnaissent plus dans une politique que la seule crise financière et économique ne saurait justifier. Une politique qui dans le geste veut réaffirmer le rôle et la place de l'Etat protecteur mais qui, dans la réalité, et sans explication indiscutable, bascule dans un libéralisme où la société française ne se retrouve plus. Y avait-il, ces jours-ci, aveu plus stupéfiant que ces propos de l'hôte de l'Elysée annonçant une pause des réformes en 2011? La France, comme le pense certain ancien premier ministre, ne saurait être gouvernée autrement que sur le mode du changement dans la continuité, ce qui ne signifie pas forcément l'immobilisme mais, plutôt, le respect des valeurs de justice et d'égalité comme socle indispensable à tout progrès.

La seconde raison de cette abstention massive tient, plus spécifiquement, à ce qu'il reste de cette vieille culture jacobine qui désigne notre pays comme l'un des plus rétrogrades au sein de l'Europe démocratique. C'est tellement plus simple de continuer à vilipender l'Etat impuissant mais dont on attend tout, c'est à dire trop, beaucoup trop, que de s'intéresser vraiment à l'action de ces élus qui prennent en charge une part importante de la vie quotidienne des citoyens. L'UMP et ses responsables, au lieu de s'exonérer de leur propre responsabilité, tirent à vue sur les responsables dse exécutifs régionaux socialistes pour justifier la future réforme territoriale. On a compris qu'il s'agit de réveiller un électorat qui est resté à la maison au premier tour, mais les enjeux démocratiques sont tellement plus importants qu'ils appelleraient un discours d'une autre hauteur de vue.

Tous les démocrates qui ne sauraient rester indifférents à ce qui s'est passé ce 14 mars 2010 doivent réfléchir à la gravité du déni que le pays a opposé à la société politique; le PS lui-même qui a quelque raison de satisfaction après sa déculottée aux européennes, ne saurait s'exonérer de sa responsabilité mais saisir au contraire l'opportunité qui se présente d'ouvrir le jeu et de préparer l'avenir.

Joël Aubert

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