icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
07/12/2017

Johnny: Quelque chose de l’ordre de la catharsis

Alors, en ces heures dites de deuil national, que les fans nous pardonnent: nous respectons leur chagrin mais nous ne savons pas pleurer Johnny. En revanche, il est passionnant d'essayer de comprendre ce sentiment immense d'une perte irréparable qui affecte le peuple de ce pays.

Certes, pour beaucoup, les moins jeunes, flotte l'inévitable nostalgie des « sixties », de cette jeunesse née des lendemains de la guerre qui dansait, insouciante dans une France qui sortait de la guerre d'Algérie, à laquelle rien ne semblait impossible puisque le général l'avait dit et, d'ailleurs, n'est-ce pas ?... la Caravelle volait au-dessus de nos têtes, alors fascinées par ces réacteurs collés à la carlingue. Et le paquebot France, orgueil national, fendait l'Océan Atlantique !

Oui, il fallait bien que le cher et vieux pays trouve quelques raisons bien polissonnes de s'acoquiner, de transgresser les interdits, dans les pas de ce jeune homme si remuant aux excentricités canailles, qui importait les sons de Memphis et s'autorisait, déjà, le « show majuscule » qui rimait si bien avec « show biz ». Un acteur, parfois au bord du néant, mais qu'un certain Camus ( Jean-Claude celui-là ) mettrait en scène jusqu'à l'inimaginable : descendre d'hélicoptère sur la pelouse du stade de France. Ne nous étonnons donc pas que la cérémonie d'hommage, avec un Emmanuel Macron dans le rôle du « parolier »  soit à l'image de cette démesure. Le spectacle jusqu'au bout.

Faut-il croire, face à ce déluge d'emphase, ceux qui voient dans cette disparition la fin d'une époque et de cette sorte de sous-culture héritée de l'Amérique ? Rien vraiment de tout cela, tellement excessif, mais puisqu'il faut tenter de prendre la mesure de l'événement osons un mot : et si cette mort valait catharsis ? Si cette communion, incroyablement intergénérationnelle, valait message, si elle révélait une formidable envie d'être ensemble qui a tant besoin de représentations… Ce jeudi, en écrivant ces mots, le lecteur me permettra de partager cette confidence matinale d'Alizé, rieuse et sérieuse étudiante de Sciences Po qui fait ses gammes à AQUI et que nous n'imaginions pas, mais pas du tout alors, fan de Johnny dont elle connaît toutes les chansons : « Hier j'étais triste, mon père et ma grand mère nous partagions la même tristesse. Dommage je n'ai pas pu assister à un de ses concerts »

Merci Alizé d'avoir jeté une passerelle entre nos années insouciantes où le chant, à nos yeux, valait d'abord poème et les tiennes qui sont sans doute plus graves ; nous te devons une autre forme de partage : celui des mots à la fois les plus simples et les plus beaux sans forcément scander : «  Que je t'aime ! Que je t'aime... »

Et parce qu'il te faut, et à nous aussi, garder assez de sens critique, dans cet univers médiatique qui ne s'alimente, chaque jour davantage, que d'émotions nous nous souviendrons, ensemble, que le jour où Johnny décédait un certain Donald Trump prenait le risque insensé de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'état d'Israël, ce que ses prédécesseurs s'étaient interdits de faire depuis le vote du Congrès en 1995. Merci à Anne-Sophie Lapix d'avoir quand même bouclé son « JT édition spéciale » avec cette information qui peut être si lourde de conséquences.

 

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents