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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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15/06/2014

Intermittents, cheminots: Le gouvernement face à la radicalisation syndicale

Elle l'est, notamment, pour le gouvernement qui a nommé un médiateur pour tenter de sortir de la crise mais dont la marge de manœuvre est très faible, s'agissant d'un régime d'assurance-chômage négocié entre partenaires sociaux auquel, le moment venu, l'Etat accorde son agrément sans avoir été décideur. Justement, l'échéance d'un accord dont le contenu a obtenu, ce printemps, l'aval du patronat et de trois syndicats, la CFDT, FO et la CFTC, approche. Et le ministre du travail François Rebsamen est sommé par la coordination des intermittents, CGT en tête, de ne pas le contresigner. Les enjeux de ce bras de fer dépassent, d'ailleurs, le sort de quelques 255.000 personnes qui en théorie cotisent au régime d'assurance-chômage spécifique au sein du régime général ; en fait il concerne d'abord les quelques 3,5 millions de chômeurs de ce pays.

La Cour des Comptes a mis l'accent sur le coté inacceptable d'un déficit du régime des intermittents, à hauteur de un milliard d'euros, et représentant, à lui seul, le quart du déficit de l'assurance chômage. Elle a parallèlement proposé, non sans raison, que les employeurs qui usent, et parfois abusent, de l'usage des contrats d'intermittence soient sollicités davantage. A un moment où une majorité de syndicats de salariés, dans le cadre d'une négociation paritaire, accepte de moduler un régime général avec quelques compensations obtenues pour conserver des droits précieux en période de crise, on peut comprendre qu'il est difficile de faire exception. Et ceci  pour le régime particulier des artistes, danseurs, acteurs, musiciens techniciens de cinéma du spectacle vivant, de l'audiovisuel, de la musique. Non pas qu'il faille nier la singularité de métiers dont l'activité est souvent ponctuelle mais, au contraire, parce qu'il est devenu plus que jamais nécessaire de partager un effort de solidarité. La vérité commande de dire, d'ailleurs, qu'à coté de situations très précaires d'autres, au sein du régime, le sont beaucoup moins.

Le débat qui vient de resurgir n'est pas nouveau ; il a connu par le passé des épisodes très rudes au point que plusieurs festivals dont celui d'Avignon avaient dû être annulés. A quelques jours de son ouverture, l'inquiétude grandit d'autant que la mobilisation ne semble pas faiblir. Le contexte syndical est d'autant plus lourd que le gouvernement doit faire face à une grève des cheminots CGT et Sud qui confirme la fracture grandissante qui s'est ouverte entre syndicats, ceux qui se radicalisent et ceux qui acceptent d'accompagner des réformes inévitables, sur fond de propos de Manuel Valls qui, jouant son jeu, ne craint pas d'affirmer que «  la gauche peut mourir ». Mourir?  Les périls sont en tout cas de plus en plus grands pour elle.

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