L'ÉDITO
par Joël AUBERTHuit jours après: une catastrophe viticole d’une ampleur exceptionnelle
Pour prendre la mesure de la détresse et parfois du renoncement qui s’empare des viticulteurs, il faut savoir qu'en viticulture la taille est, aujourd’hui, la phase première, décisive, de la qualité des raisins qui seront récoltés. De sa conduite maîtrisée dépendra le type de vin que l’on veut produire et, par voie de conséquence, de la commercialisation que l’on entend réussir. Or, déjà, il ne fait aucun doute que la taille à partir de bois, de sarments observés ce dimanche, sera l’automne et l’hiver venus très aléatoire.
En outre, parmi les mesures envisagées pour autoriser une poursuite de l’activité, le rachat autorisé de vendanges dans l’aire d’appellation concernée sera d’autant plus compliqué que le printemps froid et pluvieux avait, déjà, occasionné des pertes de récolte considérables à cause, notamment, de la coulure et du millerandage, la floraison contrariée n’ayant pas permis, sur le cépage merlot notamment, la formation normale des graines de raisins. Difficile de céder de la vendange à un collègue quand sa propre perspective de récolte est parfois diminuée de 50%.
Ces rappels confirment l’importance des décisions qui vont être prises prochainement. Elles devront être exceptionnelles comme le rappelle le président du Conseil Général de la Gironde, dans un courrier au ministre de l’agriculture. Il faudra même imaginer un dépassement du niveau des aides directes autorisé par l’Europe. La profession agricole le demande à raison. Stéphane Le Foll est donc attendu dans les prochains jours avec une légitime impatience. Les enjeux du soutien à apporter à la profession sont d’autant plus importants que la zone sinistrée est un territoire déjà en difficulté depuis plusieurs années, avec une mutation délicate au sien du vignoble girondin.