icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
22/04/2012

Hollande certes, mais la fracture sociale et politique grandit

La photographie de l'opinion que dessine ce premier tour met en évidence, et on ne le soulignera jamais assez, l'éclatement du corps électoral et la permanence d'un vote protestataire qu'accentue le niveau record du  Front National et de sa candidate. Si on veut bien considérer que ceux des Français qui ont choisi de voter pour le Front de Gauche et son candidat ont voulu, également, prendre leur distance avec la gauche socialiste, la gauche de gouvernement, on mesure la profondeur du divorce qui, non seulement existe mais plus encore grandit entre beaucoup de nos concitoyens et ceux qui les gouvernent. Le mal est plus profond qu'il ne l'a jamais été, aggravé par la crise et le sentiment que les pouvoirs en place sont impuissants. On est saisi en découvrant, par exemple, les scores  qu'atteint  en Dordogne, en Lot-et-Garonne, en Gironde, en milieu rural ou périurbain Marine Le Pen. Nicolas Sarkozy paie au prix fort ce désaveu. Et la posture de « président protecteur » qu'il a cherché à mettre en avant n'a pas suffi à lui redonner le crédit que, d'ordinaire, un président sortant s'efforce de revendiquer. Il paie surtout l'erreur fondamentale d'avoir cru qu'en droitisant don discours, en reprenant les thèmes du FN, il retrouverait les électeurs du Front qu'il avait attirés en 2007. Un président sortant, par définition, se doit d'être rassembleur ; il se doit de cultiver le mythe républicain de l'égalité, toujours aussi puissant dans une France qui entend résister au vent incontrôlé de la mondialisation. Nicolas Sarkozy n'a pas su le faire, oscillant entre des contraires au gré des avis divergents de ses conseillers.

Par comparaison, la stratégie de François Hollande qui, certes, ne devait pas assumer l'impopularité liée à la crise, a semblé fonctionner efficacement sur le thème du rassemblement. Le candidat du PS devient de facto celui de toute la gauche et atteint un score élevé qui le place en position favorable pour le second tour. Ses réserves de voix sont à priori bien supérieures à celles de Nicolas Sarkozy et le fait qu'il soit arrivé en tête, ce 22 avril, ne le contraint à aucune négociation particulière, ni avec le Front de Gauche ni avec les écologistes dont le désastre électoral est impressionnant. Il ne doit pourtant point croire la partie définitivement jouée ; le discours très modéré qu'il a tenu à Tulle montre qu'il aborde l'emballage final en gardant le cap de sa stratégie. Il sait que le rejet de Nicolas Sarkozy est pour lui un précieux allié et que la modestie du résultat de François Bayrou ne facilitera pas les chances du président sortant.

L'échec du Béarnais n'est d'ailleurs pas tant lié à l'analyse qui est la sienne de la situation de la société française; au contraire. Elle tient à l'absence d'une force politique suffisamment  constituée sans laquelle sauf à s'appeler De Gaulle on ne peut sous la V° République convaincre les Français et espérer l'emporter.

Attendons-nous désormais à un choc frontal de la veine de celui de 1981: François Hollande va devoir éviter le piège de la réponse systématique aux accusations d'irresponsabilité qui vont se multilplier; il aura toujours le temps de le faire le soir d'un débat dont il faut craindre qu'il ne relève pas le niveau général de cette campagne électorale.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents