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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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05/02/2012

Hiver 2012: Froid, neige et tant de toits qui manquent.

L'hiver est donc bien là. Et nos sociétés, dites développées, y font face tant bien que mal, entre alerte, recommandations et déploiement plus ou moins aléatoire de moyens. Les morts d'Europe centrale, d'Ukraine, de Pologne ou de Roumanie dont le nombre pouvait nous étonner, ces derniers jours, dessinent une cartographie de la pauvreté que nous aurions certainement tort de considérer avec suffisance. Car nous avons, nous aussi, la nôtre. Songeons par exemple au problème qui, à lui seul, donne de celle-ci la dimension du mal vivre de la société française, en cet hiver 2012 : celui du logement, du « mal logement. »

La Fondation abbé Pierre vient de publier un rapport dont le contenu devrait immédiatement nous convaincre de l'urgence de la mobilisation à laquelle elle nous convie en même temps qu'elle interpelle, légitimement, les candidats à l'élection présidentielle.

Quelques 3,6 millions de personnes sont confrontées à une situation aigüe de mal logement parmi lesquelles 685.000 sont privées de domicile personnel ! Chiffres hallucinants dont l'analyse détaillée révèle la profondeur d'une crise qui justifierait que le logement devienne immédiate « grande cause nationale ». Et encore ne cite-t-on pas d'autres chiffres  qui soulignent, davantage encore, les difficultés des ménages : l'attente vaine d'un logement social, l'incapacité à payer des loyers bien trop élevés, l'incroyable arbitrage que des familles, des personnes seules, femmes notamment, doivent faire entre s'alimenter ou se chauffer... Le temps de la précarité énergétique est là et bien là. De ce vocable, un peu trop scientiste, dont le seul énoncé est insupportable car la société moderne, celle dont nous serions, a  le don d'inventer des concepts comme pour repousser au lendemain les décisions à prendre, les programmes à mettre en œuvre.

Ce n'est point pourtant que notre pays manque d'un arsenal législatif. Depuis l'an 2000, la loi Solidarité et Renouvellement urbain en créant l'obligation aux communes de plus de 3.500 habitants de disposer de 20% de logements sociaux, sous peine de devoir s'acquitter de pénalités financières, a montré le cap, a entrainé des progrès certains ...mais très insuffisants. Il faut dire que dans ce pays dont l'actuel président rêvait d'une France de « propriétaires », ce dont rêve toujours son conseiller Henri Guaino, le « logement social » conserve encore trop souvent mauvaise presse.

Il serait temps que l'on convienne dans l'ensemble des familles politiques que pareil défi outrepasse les querelles idéologiques et que l'on sache faire évoluer la loi SRU pour sortir du seul cadre des 20% obligatoires.  La vérité c'est qu'en général le logement est trop cher pour un très grand nombre de français, ces quelques huit millions qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté, sans compter tous ceux qui « tirent le diable par la queue. » La prise de conscience du fléau du « mal logement », aussi tardive soit-elle, semble enfin au rendez vous de cette campagne électorale de 2012. Que naisse un vrai débat et que le «  Général Hiver » pousse les candidats à se battre pour que le peuple ait un toit, comme l'aurait dit l'Abbé Pierre.

Joël Aubert

1.Dans les forêts de Sibérie, SYlvain Tesson, Gallimard

 

 

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