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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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30/01/2008

Gouverner c’est choisir

A tout le moins sont-ils déçus, ayant très vite pris conscience que les promesses du candidat Sarkozy ne seraient pas plus tenues que ne le furent, naguère, celle d'un Chirac, contraint, après son élection sur le thème généreux de la fracture sociale, à opérer un virage à 180°. Nous n'en sommes pas là mais cela y ressemble. Le "président du pouvoir d'achat" n'a que des mots à offrir à ses concitoyens. Et leur contenu est vide comme le sont, de son propre et maladroit aveu, les caisses de l'Etat. Maladroit, en effet, car il ne suffit pas de dire la "vérité au pays" pour obtenir son acquiescement à des réformes, souvent nécessaires, mais d'autant plus difficiles à faire accepter que le gouvernement ne dispose d'aucune marge de manoeuvre financière. Le cas de la réforme de l'Etat dont on ne parle guère, avec des suppressions de postes nombreuses et des regroupements de services est, aujourd'hui, exemplaire de cette situation qui place dans l'incertitude des milliers de fonctionnaires, peu habitués à ce genre de défi.

C'est toute la pédagogie des réformes qui, une fois encore, est en question. Ou celles-ci sont menées tambour battant à la dague et au couteau, façon Dati pour les suppressions des tribunaux, ou elles sont entreprises par le truchement de " commissions" qui n 'ont de compte à rendre à personne et ne tiennent leur légitimité que du prince. Le cas de la commission Attali, sur le thème de la croissance, est caricatural d'une démarche qui pourrait être utile si elle n'était trop hâtivement exploitée par l'homme de l'Elysée. Il fait sienne par principe, et on ne sait pourquoi, à peu près toutes les propositions contenues dans un immense catalogue où il y a à boire et à manger. Une auberge espagnole où l'on trouvait, un temps, des chantiers administratifs aussi lourds d'enjeux que la suppression des départements, et aussi différents que la libre concurrence des taxis, l'ouverture de nouvelles grandes surfaces sans auncun contrôle de l'urbanisme commercial, ce qu'Alain Juppé relevait, ici même, avec inquiétude.

S'agissant des départements, Nicolas Sarkozy a immédiatement fait marche arrière, ce qui était la moindre des choses à quelques jours des élections cantonales, au moment où l'Etat est trop content de se délester de charges qu'il ne peut plus assumer. Devant cet activisme à tout crin, cette condescendance appuyée pour les députés dont l'un d'eux, Claude Goasguen, s'est vu traiter d'imbécile par Attali, face à cette manière de gâchis que le premier ministre essaie de corriger, une évidence s'impose, plus grande que jamais: choisir. Gouverner c'est choisir!

Faute de le comprendre Nicolas Sarkozy va finir par l'apprendre à ses dépens. Et le pays tout entier avec lui qui l'avait beaucoup cru sur parole.

Joël Aubert

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