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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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02/03/2017

François Fillon n’est quand même pas Charles de Gaulle

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard que ce 2 mars, au lendemain de la réaffirmation péremptoire de François Fillon qui venait d'apprendre sa convocation et celle de son épouse, les proches d'Alain Juppé renoncent à soutenir l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy. On pense à Benoît Apparu qui, de porte parole d'Alain Juppé, l'était devenu de François Fillon, avec un empressement dont l'enthousiasme avait semblé quelque peu relatif...

Si les juppéistes quittent le navire c'est que se profile une opération dont le caractère à la limite factieux ne peut que séparer la droite. Ce rassemblement populaire à Paris, destiné à mobiliser ou à garder mobilisé l'électorat Fillon des primaires, sa "base", avec une cible, la justice et les juges, ne passe pas auprès de nombre d'élus dont certains n'hésitaient pas ces dernières heures à poster sur twitter: "Cette manifestation anti-juges, c'en est trop. Nous avons la République chevillée au corps." En effet, comment ne pas être surpris qu'un homme qui aspire à la plus haute responsabilité, avec ce qu'implique la séparation des pouvoirs, puisse au nom de sa propre ambition dont on peut comprendre qu'elle soit déçue, se placer dans les conditions de faire un bras d'honneur, à grand spectacle, à la justice de ce pays?

Que l'on sache, il n'est jusqu'à ce jour que candidat à la magistrature suprême et son échec éventuel ne signifierait pas la disparition de la nation... Nous ne sommes même pas au lendemain de mai 68, lorsque la famille gaulliste avait réuni dans les rues de Paris des centaines de milliers de manifestants pour réclamer le soutien à un certain Charles de Gaulle, tout juste de retour de sa rencontre avec le général Massu, à Baden Baden... Il n'y a pas de déshonneur à écouter ceux de son camp qui mesurent, comme l'affirme Dominique de Villepin, "l'abîme" dans lequel on le plonge et, avec lui, les valeurs que demain on devrait défendre, au sommet de la République.

L'Effet Trocadéro: Personne ne m'interdira d'être candidat...

Convenons-en, ce grand rassemblement du Trocadéro aurait pu virer au pire : une manif anti juges à grande échelle qui aurait aggravé le cas de François Fillon. Le député de Paris et son carré de soutiens indéfectibles, les Retailleau, Chatel, Baroin et autre Longuet dont on évitera de rappeler le palmarès sur le thème de la morale en politique n'ont pas craint de se placer en rupture avec leur propre parti et de pointer la France des appareils politiques qui ignorent « la parole du peuple, » François Fillon ne rechignant pas à appeler De Gaulle à la rescousse, comme si le général n'avait jamais pensé, un seul instant, circonscrire le peuple de France à un groupe de supporteurs enflammés.

 Fort de cette mobilisation d'une France de droite bien à droite qui n'entend pas « se faire voler sa primaire » il est venu affirmer, au France 2 de 20 heures, qu'il tiendrait bon et maintiendrait sa candidature et que personne ne pourrait l'en empêcher. Voici donc sa famille politique placée au pied du mur et bien embarrassée pour le pousser à renoncer fût ce avec «  les honneurs »

Le sondage publié, ce dimanche, qui confirme sa dégringolade et qui, par opposition, semble légitimer le retour en grâce d'Alain Juppé qui doublerait Emmanuel Macron, au premier tour, le fera-t-il changer d'avis ?... C'est méconnaître l'entêtement de François Fillon qui se pose en seul et unique « sauveur de la France » et sans doute préjuger du ralliement de ses partisans au maire de Bordeaux qu'ils avaient éconduit dans la ligne droite de la primaire. Et qui a annoncé ce lundi son renoncement définitif. Sauf surprise la crise, au sein de la droite, n'est pas prête de s'éteindre et on en vient même à se demander si par dépit une partie de l'électorat Fillon ne risque pas de s'évader vers une certaine Marine Le Pen, au premier comme au second tour.

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