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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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21/08/2011

François Bayrou se relance avec  » l’Etat d’urgence »

Mais ainsi est et va l'élu du Béarn ; il cultive sa différence avec une constance que tout citoyen de bonne foi ne saurait lui reprocher.

Ses références, plus nettes que jamais, à des figures hors norme de notre histoire contemporaine, De Gaulle ou Mendès-France par exemple, soulignent combien cet homme nourri par ailleurs de culture classique n'est pas - n'est plus ? - assimilable à la famille des politiciens prompts à renoncer à leur conviction  pour exercer le pouvoir. Et, pourtant, que ne l'imagine-t-on déjà négocier quelque ralliement à l'actuel hôte de l'Elysée. A tout le moins note-t-on qu'il ne lui accorde guère qu'un relatif satisfecit sur la façon dont il a fait face à la crise car, pour le reste, le crédit qu'il lui consentirait serait inversement proportionnel à l'explosion de la dette, pendant la durée de ce quinquennat. La dette est, pour François Bayrou, LA plaie de notre pays et une hypothèque absolue pour  plusieurs générations. A moins qu'elle ne nécessite un accord général de la nation pour être progressivement endiguée. Comprenons, dès lors, qu'il ne suffira pas de faire adopter par le Congrès « la règle d'or », actuel sujet d'accusations réciproques entre le pouvoir et les socialistes. Ceux-ci ne veulent pas donner quitus à Nicolas Sarkozy de sa gestion fiscale et sentent le piège tendu à huit mois des présidentielles.

François Bayrou puise, déjà, dans cet affrontement la justification supplémentaire de ce ni droite ni gauche qui avait fait son succès en 2007. Son argumentation repose toujours sur la nécessité, « l'urgence » d'une autre voie car  « dans les deux camps le poids des extrêmes est maintenant déterminant ... » c'est à dire « des tendances qui sont incompatibles avec le gouvernement volontaire et modéré dont a besoin » le pays.  Et l'ancien ministre de l'Education de dérouler ses propositions pour une République, conservant le socle de la V°, avec un président en charge de l'essentiel et ayant des allures de VI°. Il défend, notamment, l'existence d'une part de scrutin proportionnel pour que des courants importants de la société française, le centre, les écologistes, les deux extrêmes, ne soient pas, comme c'est le cas aujourd'hui, exclus du débat parlementaire.

François Bayrou aura-t-il l'occasion de participer à la mise en œuvre de pareilles réformes institutionnelles ? Son capital électoral, si on ne devait l'estimer qu'à l'aune des sondages actuels, ne lui donnerait guère de chances. Cependant, en reprenant la place, qu'au centre, il représente de façon plus vraisemblable qu'un Jean-Louis Borloo, il marque son territoire à un moment relativement propice. Avant les primaires socialistes dont l'issue incertaine l'autorise à croire qu'il peut être, cette fois encore le troisième homme de la course au second tour. Le challenge est plus compliqué que jamais mais, comme il est bien tôt encore pour évaluer les chances réelles de Nicolas Sarkozy et l'étiage de Marine Le Pen, le jeu est plus ouvert qu'on ne pense. Et l'élu des Pyrénées Atlantiques, candidat pour la troisième fois, peut toujours croire en son étoile. D'autres avant lui y avaient cru : ils s'appelaient Mitterrand et Chirac.

Joël Aubert

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