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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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24/09/2007

Faillite: A qui la faute?

Faillite? Qui a dit faillite? Un premier ministre dont l'insistance à répéter, dans son propos en Corse, qu'il était à "la tête d'un Etat en faillite" est troublante pour ce que la formule révèle: le besoin d'exister autrement qu'un simple "collaborateur", selon le mot cruel de Nicolas Sarkozy. François Fillon a parfaitement réussi à se faire entendre, volant la vedette au chef de l'éxécutif et rappelant à ceux qui font de Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, l'homme le plus puissant de France, que c'est à lui, le premier ministre, qu'il revient de défendre le projet de loi de finances devant le Parlement. Cette manière de rappel général était-il-opportun? Et qu'annonce-t-il?

Telles sont au-delà des mots, et de leur force, les seules questions qui vaillent. Si l'on en croit Jean-Pierre Raffarin, qui s'est sans doute senti quelque peu visé, "faillite" est "maladroit" parce qu'excessif. Après sa sortie Corse, François Fillon a d'ailleurs cherché à corriger le tir, pour ne pas trop décourager le bon peuple et surtout l'UMP. Donc, la France est un pays "riche" mais très endetté. Cette présentation est évidemment plus acceptable car personne n'imagine, vraiment, que notre pays doive solennellementappeler à l'aide pour faire les fins de mois de ses fonctionnaires. Pourtant c'est, en quelque sorte, ce qui se passe car un pays qui se dit "riche" mais dont la dette représente quasiment les deux tiers de son Produit Intérieur frôle la cessation de paiement. Ce n'est que parce que "la marque France" dispose encore d'un certain crédit sur le marché international qu'elle trouve de l'argent à emprunter pour boucler son budget.

A qui la faute? Aux Français que l'on prépare, sans retenue et même sans cohérence, à de nouveaux sacrifices? A ceux qui les dirigent depuis trente ans en les entretenant dans l'illusion que l'on peut vivre au-dessus de ses moyens, et en laissant aux générations futures le soin de règler l'addition? Poser la question ainsi, c'est y répondre d'emblée. Oui, la classe politique, dans son ensemble, est responsable de n'avoir pas dit la vérité au pays. Mais elle ferait mieux de faire preuve d'un peu plus de retenue, y compris le premier ministre dont les premiers gestes voulus par Sarkozy, dans la meilleure tradition héritée de son expérience du pouvoir, ont consisté à lâcher 13 milliards de "cadeaux fiscaux" dont on aimerait vraiment savoir s'ils vont aider à relancer la croissance. L'irresponsabilité fut vite à l'ouvrage. François Bayrou n'a pas tort de le rappeler, lui qui faisait de la réduction de la dette, la priorité de l'action publique.

La sortie de Fillon annonce donc des lendemains très rudes, dans un contexte de tension sociale qu'il ne vaudrait mieux pas aviver. Tout le monde paiera, à commencer par les franchises "sécu", en attendant le transfert vers l'impôt du financement de la dite Sécurité Sociale...

Joël Aubert

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