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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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14/05/2017

Emmanuel Macron: Présider certes mais encore faut-il pouvoir gouverner…

Une majorité qui, depuis que Lionel Jospin pour mettre fin -en partie- aux risques de cohabitation a imposé à Jacques Chirac l'enchaînement des élections: présidentielle d'abord, législatives ensuite. Tel est le premier et grand défi auquel doit s'atteler Emmanuel Macron, son équipe et ses soutiens; gagner la bataille de l'Assemblée...

Or, la partie est loin d'être gagnée. En effet la volonté de renouvellement affichée par le président et sa "République en Marche" va être soumise à l'aval du peuple français, les 11 et 18 juin. Difficile d'oublier, à ce moment, que le nouveau président, s'il a été très confortablement élu le 7 mai a dû, pour l'essentiel, plus que par le seul poids électoral de son jeune mouvement, son large succès au magnifique réflexe républicain qui a relégué Marine Le Pen à son rôle d'aboyeuse au nom d'un Front National qui, ces jours-ci, revient sur terre, dans la douleur et sur un air de divisions.

Oui, le défi d' "En Marche" est d'autant plus considérable que ses candidats, les siens propres, pour la plupart sont des inconnus dans la plupart des circonscriptions où ils se présentent. Bien entendu, cela ne saurait être rédhibitoire, surtout quand au nom de la société civile on entre en politique sans vraiment l'avoir cherché, mais le challenge pour le plus grand nombre, sera d'autant plus relevé que face à ses presque inconnus se présentent des députés sortants qui, pendant cinq ans, auront non seulement accompagné la politique du gouvernement sortant mais, tout autant, défendu les couleurs de leur circonscription et les dossiers qui leur étaient confiés. A l'heure où la décentralisation est revendiquée, ici en-bas, comme la meilleure façon de régénérer la politique, au niveau local, beaucoup de sortants n'ont pas démérité et certains candidats qui se lancent dans la bataille ont, justement, des états de service à faire valoir dans une mairie, un conseil régional ou un conseil départemental...

Il existe donc bien une véritable inconnue, au regard du défi présidentiel. C'est sans doute ce qui explique, aussi, la rogne de François Bayrou qui aspire à ce que le Modem ait à l'assemblée un groupe parlementaire digne de son alliance avec Emmanuel Macron.

L'inconnue est d'autant plus réelle que le rapport des forces politiques, né du premier tour de la présidentielle, contribue à l'entretenir. Certes, le PS est au plus mal, entre un appareil parisien qui s'est efforcé, ces derniers jours, de ne pas trop froisser le nouveau président, un camp qui s'est reconnu dans la campagne de Benoît Hamon et n'est pas obsédé par une éventuelle déroute aux législatives et, surtout, des militants et des candidats, sur le terrain, qui en ont un peu marre de ce qui se passe là-haut. Et font campagne contre les orientations politiques, et surtout sociales, d'Emmanuel Macron. Il semble, d'ailleurs, que des directives plus précises venant de ce qui est encore le parti socialiste, rue de Solferino, pourraient être données sans tarder.

Dans cet état des lieux, famille par famille, ou ce qu'il en reste avant les grandes explications et peut être davantage qui suivront les législatives, les Républicains n'ont pas non plus la partie facile. Ici et là ils ont, évidemment, l'avantage d'une implantation mais ce ne sera pas si simple, après avoir contribué au rejet massif de Marine Le Pen, de faire campagne frontalement contre le nouveau président dont les choix, en matière économique notamment, ne sauraient être brutalement combattus. Faut-il ajouter que le choix, très attendu, d'un premier ministre qui pourrait être issu de leurs rangs, matrice juppéiste par exemple, ne leur faciliterait guère la tâche. Quant à La France insoumise qui n'a pas, comme un seul homme, choisi le chemin de la Cannebière, nul ne sait vraiment ce que sera la traduction législative du score exceptionnel de Jean-Luc Mélenchon. Il faut donc s'attendre, à condition que les Français décident de voter en nombre (1), à ce que le second tour de l'élection des députés, le 18 juin, puisse se jouer à trois candidats plutôt qu' à deux seuls, ce qui ne manquerait pas d'entretenir le suspense jusqu'à la dernière heure.

Le nouveau président et son équipe, dans leurs derniers arbitrages, avant de boucler la liste définitive des candidats de la majorité présidentielle, vont donc regarder de très près les chances de se donner une majorité qui leur ressemble pour s'éviter, bien vite, une manière d'impuissance.

PS. la nomination comme premier ministre d'Edouard Philippe, le maire " Les Républicains" du Havre, proche d'Alain Juppé qu'il avait soutenu de façon remarquée lors des primaires de la droite et du centre, confirme la volonté, que l'on sentait poindre, du nouveau président de la République de casser le jeu politique, avec l'intention d'obtenir le soutien de la droite modérée et du centre, à l'occasion des législatives pour commencer. Pour l'instant les "LR" se gardent bien d'appeler à l'excommunication du premier ministre. Qu'en sera-t-il une fois la composition du gouvernement connue et les élections passées?... En tout cas la tâche des candidats désignés par le parti, et déjà en campagne, va être tout à fait singulière. Quant à la gauche les Insoumis bien sûr mais le PS tout autant, elle semble trouver d'ores et déjà des raisons de hausser le ton et de mener une campagne plus conforme à sa matrice idéologique originelle. L'électeur qui a fait d'Emmanuel Macron un président bien élu a, dans ses mains, la réponse à l'inconnue que nous évoquions par ailleurs.

1. rappelons qu'il faut avoir obtenu le vote de 12,5 % des électeurs inscrits pour se maintenir au second tour

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