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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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19/02/2017

Présidentielle: Attention! 2017 n’est pas 2002

On sait ce qu'il advint de ce scénario un peu vite écrit dans une élection qui battit un record de candidatures, spécialement à gauche -16 au total- et vit, au premier tour, Jean-Marie Le Pen coiffer Jospin sur le poteau (16,88% contre 16,18%) et l'homme qui avait imprudemment évoqué l'âge du capitaine abandonner, céans, la politique à la stupéfaction de militants socialistes en pleurs. S'en suivit une mobilisation générale, à gauche y compris, pour contrer le président du Front National qui jamais n'avait pensé pouvoir devenir président de la République ...Et Jacques Chirac de remporter un succès triomphal (82,21%) qu'aucun président, même pas de Gaulle, n'avait imaginé accessible.

Quinze ans plus tard les temps ont bien changé....Le Front National se revendique le premier parti de France - rappelons que le premier parti de France lors des dernières élections était avant tout celui de l'abstention - dans un contexte général qu'on ne peut pas nommer autrement que délétère. Et pourtant : un président sortant plus qu'affaibli et que l'on convainc de ne pas se représenter, des primaires, à droite comme à gauche, qui éliminent les favoris dont l'un, Alain Juppé, avait bâti sa campagne avec l'idée du rassemblement des forces vives du pays et l'autre, Manuel Valls, mis en avant son expérience face à ses opposants.

Par voie de conséquence les Français dans leur ensemble qui, faut-il le rappeler, n'ont - et il s'en faut de beaucoup - pas voté aux primaires ont le choix entre des candidats inédits face aux extrêmes : un Mélenchon qui ne se « soumettra " jamais  et une Marine Le Pen qui, à la différence de son père, s'y voit déjà et, avec elle, des millions de gens dont beaucoup, respectables en soi, que l'on est abasourdi de trouver en pareille compagnie, avec un parti dont le programme a été passé à l'huile d'onagre pour faire oublier le chaos dans lequel il plongerait la France. Et, c'est là que l'inquiétude doit prendre son envol et, d'ores et déjà, une place importante dans le débat politique.

Le PS et son candidat partiront seuls sans le soutien de Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, se revendiquant du progressisme, prétend jouer le rassemblement dans une démarche de nature centriste mais ses emballements verbaux récents ne vont faire que creuser le fossé qu'à gauche et à droite on se fait déjà un plaisir de creuser …

Quant à François Fillon que ses supporteurs avaient un peu vite installé à l'Elysée, c'est promis il ne s'arrêtera pas en chemin quoique la justice décide; mieux même il mobilise la droite, la sienne, sur le thème de la victimisation face à l'appareil judiciaire qu'il ne peut imaginer autrement que complice des médias. Le pari est osé mais compréhensif : arriver en seconde position, au premier tour, pour battre Marine Le Pen au second. Un remake en quelque sorte de 2002.

Peut-on oser dire que ce scénario a de quoi effrayer un démocrate sans être taxé d'anti-filloniste primaire ? D'abord, parce que François Fillon n'est pas un vieux radical élevé dans les terres de Corrèze, chère au père Queuille comme l'était Chirac, et puis et surtout parce que son programme, celui décliné lors de la primaire avec la volonté de « renverser la table pour sauver le pays », n'est pas prêt d'être accepté par une large majorité de Français après les révélations dont on oublie trop souvent de dire ce qui les rend mortifères pour le député de Paris: le niveau de l'argent distillé à ses proches.

Le danger, à la différence de 2002 où la mobilisation avait amené quelques 80% d'électeurs à voter, est bien celui d'une abstention massive que la vox populi, ici et là, rend vraisemblable. A suivre de près et à méditer.

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