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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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01/04/2023

Eau : La montagne a accouché d’une souris

Dans un climat social toujours tendu, entre deux manifestations et au sur-lendemain d'une véritable guerilla de l'eau dans les champs des Deux-Sèvres, était-ce le meilleur moment pour le président Macron de présenter son Plan sur l'eau ? Ce ne pouvait en tout cas pas être plus tard. La sécheresse hivernale, devient printanière, et la saison estivale approche.

La menace d'un été 2023 semblable au précédent inquiète. En Nouvelle-Aquitaine et Occitanie voisine, « si nous sommes confrontés à un été aussi sec et caniculaire que celui de 2022, l'état actuel des réserves ne nous permettra pas de tenir », prévenait récemment le préfet coordonnateur du bassin Adour-Garonne.

Mais cette présentation du Plan Eau, fait aussi résonance à un événement à l'international. Le 22 mars marque en effet la Journée internationale de l'Eau. L'édition 2023 aura eu cela de particulier qu'elle a ouvert pour trois jours, la Conférence des Nations Unies pour l'eau, à New-York. Tout un symbole. Réunissant près de 10 000 représentants de gouvernements, d’entreprises et de la société civile, la conférence est pourtant restée assez discrète ; en avance de phase, peut-être, de ce qu'elle ne permettra pas de réussir. Car le symbole prend un goût amer. Cette conférence pour l'eau sous l'égide de l'ONU était en effet, la première depuis... 1977 !

Que le manque d’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement reste la première cause de mortalité dans le monde, n'a pas motivé l’organisation internationale et ses plus de 190 Etats membres à réitérer l'exercice, en 46 ans. 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde, selon l'ONU. 3,6 milliards de personnes ne bénéficient toujours pas d’un service d’assainissement correct. C'est donc près de la moitié de la population mondiale qui est exposée à des risques de propagations de maladies. Qui a parlé de pandémie et de risques sanitaires ?

Et pensons que le réchauffement climatique, et sa nuée d'inondations, de sécheresses et de tempêtes, doublé d'une population mondiale en augmentation constante ne peuvent être que des facteurs naturellement aggravants de ces chiffres.

En 2015, les Nations Unies avaient posé un objectif de développement durable dédié à l'eau. Il fixait pour 2030 l’accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement. Un doux rêve au vu du relatif attentisme autour du sujet. Les Nations Unies l'ont aussi reconnu dans les attendus de la conférence new-yorkaise. Peut-être est-ce là la prise de conscience ? Le début d'une accélération des choses ? « Cette conférence doit marquer un changement radical dans la capacité des États Membres et de la communauté internationale à reconnaître l’importance vitale de l’eau pour la durabilité de notre monde et à agir sur la base de ce constat ». C’est avec ces mots en tout cas, qu’António Guterres, secrétaire général des Nations-Unies a ouvert le rendez-vous le 22 mars dernier.

Après 3 jours d'échange, ce sont 700 engagements qui ont été pris par les États, le secteur privé ou les organisations de la société civile. 700 c'est beaucoup, et c'est peu. On ne peut que regretter au côté du mouvement d'ONG Coalition Eau, des engagements « disparates, hétérogènes » et évidemment « non contraignant ». De belles promesses à la réalisation incertaine là où une « réponse collective, stratégique et holistique » aurait du être apportée.

Avec son Plan Eau,  Emmanuel Macron aura déjà commencé, du point de vue international, à tenir une partie des engagements français. Christophe Béchu s'étant engagé à New-York à une gestion de l’eau « plus sobre, dans tous nos usages » pour notre pays. Mais il n'aura pas obtenu, ni la nomination d’un envoyé spécial auprès du Secrétaire général des Nations-Unies, ni la régularité d'une conférence dédiée à l'eau tous les 3 ans, comme la France l'aurait souhaiter. Alors, à dans 46 ans peut-être ?

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