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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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19/01/2014

Département-Région… Dormons tranquille, le mille-feuille a la vie dure

Pas facile en effet de remettre en question des institutions dont le tout compose un paysage auquel, chacun à sa façon, les élus sont attachés...

La commune, nous allons le vérifier une nouvelle fois dans deux mois, est le lieu préféré du citoyen qui peut s'adresser à son maire en direct, à tout moment, et se régaler, comme il le fait dans les villages, ces temps-ci, au spectacle des petites et grandes trahisons, à l'heure de former les listes pour les municipales. Au moins, là, les choses avancent-elles dans le bon sens puisque, désormais, l'électeur va choisir, lui-même, en même temps que ses conseillers municipaux celles et ceux qui siègeront à la communauté de communes. Un échelon d'administration locale désormais pertinent, et de plus en plus efficace.

Pour Le département, c'est bien autre chose. Né avec la Révolution, il  n'a vraiment pris son essor qu'avec les lois Defferre de 1982, lorsque l'Etat l'a consacré comme une collectivité territoriale de plein exercice, en même temps que la Région. Le pouvoir était transféré aux élus locaux dans les limites de compétences reconnues, une vraie révolution celle-là.

Faut-il rappeler, entre autres, que les départements construisent les collèges et gèrent le RSA, les Prestations pour le Handicap et l'Autonomie des Personnes âgées, réparent aussi les routes que l'Etat lui a refilées. Et que les Régions bâtissent les lycées, pilotent la formation professionnelle et orientent le développement économique. Tout cela, ce sont les grandes lignes car chaque collectivité dispose, aujourd'hui, au nom de la loi, de compétences générales. Demandez-donc aux associations qui font vivre la culture dans les territoires ce qu'elles penseraient, par exemple, de l'interdiction qui serait faite aux régions et départements de leur apporter des crédits?.... Ces quelques rappels montrent, à quel point, les enjeux locaux des réformes envisagées finissent, souvent, par l'emporter sur la mise en route d'une vraie réforme territoriale.
Nicolas Sarkozy avait dû enterrer la sienne; d'ailleurs elle lui a coûté plus de discrédit qu'on ne croit auprès des élus et, en tout cas, a précipité le basculement du Sénat à gauche. François Hollande avait clamé, le temps de sa campagne victorieuse, que l'acte III de la décentralisation serait une grande affaire... Le projet de Loi avance à la vitesse de la tortue, consacre la prééminence des grandes agglomérations, des métropoles. Et de citer celle de Lyon qui est entrain d'absorber le département du Rhône... pour, évidemment, à Tulle, sous les embrassades, jurer que le département gardait toute son utilité, notamment pour "assurer la cohésion sociale" et défendre la ruralité.

Quant aux Régions, au nombre de 26 avec l'outre mer, elles sont invitées à s'entendre pour ne plus être qu'une quinzaine. Et celles qui seront obéissantes recevront, alors, plus d'argent que celles qui ne veulent rien changer!...

Que penser de ce nouveau chapitre d'un feuilleton bien franco-français? D'abord en sourire, mais sérieusement...

Le cri d'amour de François Hollande au département, depuis la Corrèze, confirme la prééminence de cette citadelle dans l'esprit du pouvoir actuel. On ne touchera pas au département dont les moyens diminueront mais la fameuse métropolisation, à la façon de ce qui se passe, gauche et droite main dans la main, dans le Rhône, ne sera pas transposable ...par exemple à Bordeaux. Le président du conseil général, Philippe Madrelle l'a dit sans détour, ces jours-ci, parce que la Gironde, le plus vaste département de France a un plus grand nombre d'habitants, hors la Communauté urbaine de Bordeaux, qu'au sein des 28 communes qui la composent. Et comme le million d'habitants, pour 2030, n'est pour l'instant, que du domaine de l'objectif, rien ne va vraiment changer, ce qui ne pourra que rassurer les maires des quelques 500 communes et plus qui ont bien besoin de leur département pour financer l'aménagement du bourg ou consolider le clocher de l'église.

Parions donc que la méthode douce, choisie par la gauche, pour ne fâcher personne accouchera d'une réforme à minima. Bien sûr, on va supputer les chances de réunification des deux Normandie, la Haute et la Basse; on va s'interroger sur le destin des Pays de Loire qui, du côté de Nantes sont quand même bien bretons, suivre les vélléités des Pyrénées-Orientales de rejoindre Midi-Pyrénées et écouter les déclarations d'amour de la Charente et de la Charente-Maritime à l'Aquitaine. Un petit air d'une Aquitaine à la façon d'Aliénor. Il est vrai qu'à Angoulême et Saintes on se sent infiniment plus girondin que poitevin... Le jeu va occuper les esprits. La vérité commande de dire qu'à l'heure où l'argent manque beaucoup il serait bien plus important de préciser les compétences de chacun, ce à quoi la gauche semble avoir renoncé. Et, il ne le serait pas moins de s'entendre entre collectivités, le département et la région en premier lieu,  pour mutualiser des administrations dont les missions concourent au même but. Pensons ainsi à l'éducation, aux lycées et aux collèges qui ne seraient pas moins bien servis s'ils avaient, en dehors de l'Etat, un interlocuteur unique... Mais cela c'est une autre affaire.

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