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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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12/07/2010

Cette fascinante Espagne aux grands écarts

Le samedi, elle déferle dans la capitalecatalane pour défendre son autonomie, lors d'une manifestation populaire dont l'ampleur surprend jusqu'à ses organisateurs ; le dimanche elle s'offre le spectacle de joueurs champions du monde, madrilènes et barcelonais enlacés, brandissant sous les yeux du couple princier les couleurs sang et or dont on ne sait si ce sont celles du drapeau espagnol ou du drapeau catalan.
L'Espagne n'en finit pas d'assumer, de surmonter, ses contradictions et de nous surprendre. Au lendemain des années sombres de la dictature elle s'est donnée une constitution à faire pâlir le vieil état jacobin qu'est la France. Des autonomies plus ou moins importantes, selon le poids de l'histoire et les différences culturelles. Catalans ici, Basques ,là fiers de leurs languesmais aussi galiciens ou andalous. Ce fût alors pour l'Espagne, sous l'autorité bienveillante d'un roi « républicain » qui s'imposa contre les velléités des nostalgiques de Franco, l'âge d'or de la décentralisation. La manne européenne tombait sur un pays qui, à marche forcée, se donnait les outils du développement.
Jeux olympiques, Exposition Universelle...l'Espagne, en moins de trente ans, non seulement rejoignait le cœur de la vieille Europe mais il lui apportait cet air de modernité, ce goût de la création qui bousculaient nos amours propres les mieux ancrés.
La crise financière a sonné le coup d'arrêt d'une marche en avant à moins qu'il ne s'agisse d'une fuite en avant ; l'économie espagnole est percutée, elle aussi, par l'ampleur de ses déficits, par la gravité de lacrise de l'immobilier. Mais elle fait face, sous une direction socialiste qui lui applique une sévère cure d'austérité.
Etrange pays qui s'autorise tant de grands écarts, où le mot nation est tabou, sauf à Barcelone ou à Vitoria, mais qui se rassemble et s'embrasse, le soir d'une finale triomphale, où les joueurs venus de Catalogne formaient presque à eux seuls l'équipe championne du monde. Plus qu'un symbole, le signe d'une vitalité joyeuse, comme un défi permanent à l'impossible.

Joël Aubert

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