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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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20/07/2014

Cette Aquitaine taille patron qui fâche le Béarn et soulève la question des moyens

Ce débat entre Aquitains d'aujourd'hui mérite assez de considération pour deux raisons au moins où l'histoire de la décentralisation et ses évolutions depuis trente cinq ans ont une part importante.

La première a trait au chemin parcouru par les pays constitutifs de l'Aquitaine. Songeons aux propos d'un homme qui a marqué la vie paloise et régionale de cette période, André Labarrère. A Bordeaux il aimait à enfoncer le clou, affirmant : « ce qui est bon pour Bordeaux est bon pour Pau et vice versa » Une manière de dépasser cette critique récurrente adressée à la métropole bordelaise, avant tout soucieuse de son destin. Le maire de Pau n'est plus de ce monde mais de Jean-Jacques Lasserre à Georges Labazée, son successeur au Parlement de Navarre, en passant par François Bayrou ou son adversaire malheureux aux municipales, David Habib, on ne semble pas prêt à accepter une Aquitaine s'étendant vers le Nord. L'Aquitaine avait ébauché une manière d'unité qui est remise en question plus sérieusement qu'on ne le pense....

La seconde raison, en filigrane de la première, cache le dessein du pouvoir central qui apparaît de plus en plus en creux de ce grand chantier national. L'Etat ne l'avouera jamais mais, au fond, il est bien content, avec ce qu'il faut de cynisme pour gouverner à la vieille façon jacobine, de refiler aux régions censées être les plus « riches » les territoires les plus pauvres. Dans un pays où la décentralisation s'est faite, dès les années 80, en jetant aux orties la politique d'aménagement du territoire et sa recherche des équilibres régionaux, l'Etat s'apprête à confier aux métropoles et aux Régions le soin de régler la question des solidarités. Le département de la Creuse, avec ses 123.000 habitants, est en déshérence et a plaidé, non sans raison mais sans succès, pour une région Massif Central où serait abordée la spécificité d'une économie rurale et montagnarde... la belle affaire. On laissera le soin à la grande Aquitaine de démontrer sa capacité à subvenir aux besoins vitaux de la Creuse comme à ceux de la Corrèze, sans laisser tomber son soutien à l'économie pyrénéenne.

Après tout, dira-t-on, pourquoi pas ? Oui pourquoi pas, à condition que les moyens donnés aux Régions de demain soient à la hauteur de ce genre de défi. Et, là, rien n'est moins sûr.

Le danger est donc bien réel d'un affaiblissement du potentiel de régions comme l'Aquitaine qui ont élaboré, année après année, une stratégie de développement économique fondée, en particulier, sur la formation et l'innovation. Auront-elles, très vite, les moyens de lever l'impôt et sur quelles bases renouvelées au moment où l'économie française tangente la récession ? Est-ce que l'Etat qui a trop oublié les nécessités d'une déconcentration administrative saura accompagner ce mouvement de décentralisation, plutôt que de contraindre les collectivités territoriales, au périmètre agrandi, à créer de nouveaux services, très loin de la capitale régionale ? Des réponses apportées à ce genre de questions, pour l'instant délaissées, dépendra pour beaucoup la réussite de cette nouvelle donne territoriale.

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