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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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15/06/2023

Ces surprenantes conversions à la protection de la nature

Les géants de l'alimentation et des boissons Nestlé et Coca-Cola, celui de l'hygiène Unilever et la société de plein air Patagonia, appellent l’Europe à adopter une loi sur la restauration de la nature et le règlement sur l’usage durable des pesticides, affirmant qu'elle serait bonne pour les affaires à long terme. C’est ce que nous apprend l'édition européenne du média américain Politico.

Frank Elderson, membre du directoire de la Banque centrale européenne, en rajoute dans une interview au Financial Times, en évoquant les risques climatiques et environnementaux : « Détruisez la nature et vous détruisez l'économie ».

Ces magnats de l’économie libérale prennent la parole, non parce qu’ils auraient soudain oublié leurs intérêts propres et ceux de leurs mastodontes cotés en bourse, au profit d’une nouvelle conscience en faveur de la défense de la planète. Ils ont juste fait leurs comptes et savent que les grands équilibres économiques et donc les bénéfices colossaux, ne seront pas durables en commerçant avec des sociétés qui seront trop violemment touchées par le réchauffement climatique, la baisse critique de la ressource en eau, la destruction de l’agriculture ou un niveau de pollution tel que la santé humaine s’en trouve menacée. Les priorités des Etats et des populations seraient bouleversées… et la consommation profondément modifiée et ralentie. Il n'est que de se souvenir comment l'économie a payé un lourd tribut au Covid 19, pour imaginer ce que pourrait provoquer des désastres écologiques sur les échanges commerciaux.

Le cocasse de l'histoire, c’est que les industriels ont déroulé cet argumentaire, qu’on appelle à Bruxelles une action de lobbying, pour fesser les députés européens de droite (PPE, parti populaire européen) qui sont debout sur le frein pour empêcher l'adoption de cette législation de restauration de la nature. Ce faisant, ces élus conservateurs pensaient protéger leurs alliés naturels de l’économie de marché. On n’est jamais mieux trahi que par les siens, dit le proverbe.

« Déconnectée, la droite européenne se fait recadrer par les multinationales. Ne boudons pas notre plaisir, » taquine sur les réseaux sociaux l’eurodéputé français Nouvelle Donne, Pierre Larrouturou originaire de Périgueux.

Est-ce une bonne nouvelle que l’avenir de la planète devienne une priorité au sein des conseils d’administration de puissants industriels ? Peut-être si cela les incite à réorienter leurs décisions stratégiques futures vers des comportements plus vertueux.

Au-delà de la polémique dans les coursives du Parlement européen, ce qui est surtout réjouissant, c’est que la protection de notre environnement sorte de la querelle de chapelles entre les écologistes labellisés verts durs et les autres. C’est peut-être le signe que la prise de conscience de l’urgence à agir est en train de bousculer les lignes et de s’affranchir des clivages. Et tant pis si les politiques se font dépasser par d’autres acteurs de la société plus prompts à s’emparer du sujet.

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