Bordeaux: le défi de l’économie

Au terme d'une longue agonie, l'usine Solectron de Cestas aura bientôt disparu, victime d'une implacable logique financière mondiale. Les salariés, aujourd'hui en grève, et qui ont vu les plans sociaux se succèder, année après année, négocient les conditions de leur départ. Mais qu'adviendront-t-ils, une fois qu'ils auront perdu leur emploi? Qu'adviendront-ils, dans une agglomération qui est saturée d'emplois tertiaires mais manque cruellement d'emplois industriels? Poser la question renvoie au nécessaire débat qui doit s'ouvrir, en particulier lors des élections municipales, sur l'avenir économique de l'agglomération. Certes, le temps n'est plus où, à l'heure de l'aménagement du territoire, il s'agissait de répartir les activités dans l'hexagone en se dotant, notamment, de ces "fameuses métropoles d'équilibre" destinées à se développer et à contrebalancer le poids écrasant de Paris et de l'île de France, en tentant de mettre fin au coût exorbitant de la centralisation. Le pouvoir de décision de l'Etat a quasiment disparu et, même s'il a la faculté, avec les collectivités territoriales, d'accompagner les investissemnst industriels, ceux-ci répondent, d'abord et avant tout, à des logiques de marché qui sont devenues mondiales. On voit disparaître Solectron mais songeons que l'emploi continue de décroître chez Ford à Blanquefort où les craintes grandissent, y compris pour les sous-traitants... Il est donc urgent de penser à reconstituer l'armature économique de l'agglomération, et de le faire en s'appuyant sur la réussite des autres. Il n'y a pas loin à aller pour se documenter. Les Basques de Bilbao, en ces jours où on fête le dixième anniversaire de la naissance du musée du Guggenheim, expliqueront, comment, sur les ruines de l'industrie locale, ils ont reconstruit une économie, à partir des "clusters, les pôles de compétitivité, en fédérant tous les acteurs de la chaîne de décision, les entreprises, la recherche, les banques, les institutions, tissant un réseau de PME qui ont crée beaucoup d'emplois et continuent de le faire. L'époque de l'emploi importé a vécu et, à Bordeaux, on doit s'en persuader et se mobiliser si l'agglomération veut jouer son rôie de capitale régionale et tenir le rang d'une Eurocité.

Joêl Aubert