Bordeaux 2030 : le grand bond en avant

L'ambition, en effet, est de parvenir en 2030 à cette « cité millionnaire » qui entend jouer  les premiers rôles au niveau européen. Ce million là fait frémir, ici ou là, quelques contempteurs de la concentration urbaine mais, à bien y regarder, il est frappé du sceau de la logique.

En effet, la capacité d'attraction de la ville et de sa région ne se dément pas et figure parmi les plus fortes de l'hexagone. On a trop souvent pointé du doigt le manque d'anticipation des élus qui ont en charge l'organisation du cadre de vie pour ne pas saluer, derrière le volontarisme affiché, le parti pris de ce Bordeaux 2030.

Mais, au-delà des tendances lourdes de la démographie, le contexte était favorable à cette nouvelle ambition métropolitaine. L'arrivée programmée de la Ligne à Grande Vitesse Tours-Bordeaux en 2017, mettant l'agglomération à deux heures de Paris, le lancement consécutif de l'Opération d'Intérêt National Euratlantique qui va entrainer la naissance d'un Centre d'affaires et le remodelage urbain du quartier de la gare, le démarrage d'un Plan Campus qui va enfin donner à l'Université bordelaise des moyens importants pour offrir aux enseignants, et aux quelques 63.000 étudiants qui la fréquentent, des conditions de vie et de travail en permettant l'émergence de pôles d'excellence... Autant de projets majeurs qui s'élaborent et progressent dans un climat politique propice à la réussite. La Communauté Urbaine de Bordeaux, présidée par le socialiste Vincent Feltesse, a un vice-président qui s'appelle Alain Juppé. Un large consensus existe, au maintien duquel chacun veille avec soin, ce qui permet, non seulement l'avancée des dossiers, mais aussi que soient posées les questions d'intérêt général. Dernier exemple en date : le lancement d'un « Grenelle des mobilités » qui réunissait, ce vendredi 2 décembre, les deux leaders de l'agglomération précités mais aussi Alain Rousset, président du Conseil régional d'Aquitaine, Gilles Savary le vice-président du Conseil général de la Gironde et Patrick Stéfanini, le préfet de Région. Un chantier qui s'ouvre et qui  doit figurer, à côté du sujet de l'emploi, comme la priorité des priorités pour une agglomération dont le développement urbain affiché est aussi ambitieux. Les réalités quotidiennes sont en effet très rudes pour nombre de citoyens de l'agglomération, et plus encore pour ceux qui viennent de l'extérieur y travailler chaque jour.  Elles s'évaluent en heures par semaine et plombent qualité de vie et compétitivité intelligente du travail. La création du tramway, réussite indiscutable, ne suffit pas à régler le problème, son extension maîtrisée non plus, et la volonté de mettre en œuvre des réponses combinées, la fameuse intermodalité entre moyens de transports, se heurte à des contraintes d'espaces et d'usages difficiles à surmonter. Un premier horizon de solutions à promouvoir est fixé à l'été 2012, à l'issue d'une large concertation. A suivre.

L'originalité du Projet Métropolitain réside, en effet, sur la volonté affichée par Vincent Feltesse de donner la parole aux citoyens. Une démocratie participative organisée comme l'ont montré ces réunions ouvertes et très fréquentées de « La fabrique métropolitaine » et, maintenant, la mise en route d'une « Coopérative métropolitaine » lieu d'échanges, de dialogue et d'idées nouvelles. C'était, à tout le moins, une exigence politique face à ce nouvel enjeu métropolitain. Il en existe une autre bien plus forte encore et que le citoyen rappelle dès qu'on lui donne la parole : la création d'emplois. Ce sera le défi majeur des vingt ans à venir car ce n'est pas le tout de réinventer l'urbanisme du XXI° siècle pour mieux « vivre ensemble » ; encore faut-il trouver du travail pour espérer « bien vivre » la ville de demain.

Joël Aubert