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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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22/11/2022

Avis de collision entre sport et politique

Le Mondial de foot au Quatar s’annonce comme une catastrophe. On ne sait plus sur quel thème s’indigner avec le plus de force devant l’étendue des options possibles. Les centaines, voire les milliers de travailleurs pauvres, morts sous les conditions extrêmes de construction des infrastructures sportives et hôtelières ? Le crime environnemental qui consiste à climatiser des stades entiers pour résister à la chaleur ou à faire voler 160 avions chaque jour pour acheminer les supporters hébergés dans les pays voisins ?  L’incohérence à choisir pour héberger ce mondial un pays qui n’a ni grande équipe, ni supporters, ni équipements ? La démesure de la construction de sept stades immenses alors qu’ils ne seront sans doute jamais réutilisés à leur juste mesure ? Ou encore l’addition globale à 215 milliards d’euros, une somme qui suffirait quasiment pour supprimer la faim dans le monde !  On pourrait encore parler droits de l’Homme (et de la femme !), ou respect de la communauté LGBT.

« Il ne faut pas politiser le sport, » a dit Emmanuel Macron qui prépare ses crampons, pour aller applaudir l’équipe de France dès qu’elle sera en demi-finale. C’est vrai que La France a déjà participé sans trop d’états d’âme au précédent mondial et aux Jeux Olympiques de 2014 en Russie. Alors pourquoi ne pas franchir un petit pas supplémentaire ?

Pendant ce temps-là, le peuple d’Iran éduqué et ouvert sur le monde se bat contre l’obscurantisme d’un État islamiste qui l’étouffe depuis 1979. Plus près d’ici encore, les Ukrainiens livrent une guerre défensive contre une Russie qui se croit toute puissante et s’assoit sur le droit d’un peuple à disposer de lui-même.

Bien sûr que oui, il faut politiser le sport quand la défense de la planète, la sécurité des personnes ou la démocratie sont en danger. On sait bien que les voies diplomatiques et la négociation sont des sports collectifs. S'ils ne sont pratiqués que par une seule partie, ils n’ont aucune chance d’aboutir. Quand le débat échoue, ce sont les actions politiques et les leviers symboliques qu’il faut agiter.   

Oui, les gamins qui défendent chaque week-end les couleurs de leur club sur les stades de nos villes et villages ont besoin de rêver et d’admirer des grands clubs, des joueurs stars et des compétitions de haut niveau. Oui, le sport aide à développer de très belles valeurs qui contribuent au bien-vivre ensemble dans tous les pays du monde. Oui, le foot a ce talent universel de faire courir des amateurs après des émotions fortes, et même autour d’une simple boite de conserves, comme si il s’agissait d’un langage fraternel universel. Mais de là à tout cautionner?

 

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