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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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08/06/2013

Au lendemain de la mort de Clément Méric: une nécessaire prise de conscience

Tentons donc de mettre quelques idées en ordre.

D'abord, en nous posant la question de cette violence soudaine et meurtrière. Que révèle-t-elle que nous ne sachions déjà ? Une incapacité à accepter l'autre et sa différence ? Hélas, elle ne date pas d'hier dans un pays, qui, par exemple ne parvient pas à s'entendre pour donner le droit aux étrangers de voter lors des élections municipales, celles qui leur donneraient, objectivement, l'obligation de s'insérer davantage dans la vie sociale et politique du pays.

Et l'école ? le collège ? le lycée ? Ils devraient être, par excellence, le lieu de la socialisation, du partage, de l'apprentissage de la solidarité...Hélas, les derniers chiffres connus témoignent d'une augmentation des faits de violence, une situation que de dramatiques faits divers, près de nous, sont venus confirmer. Pour un simple regard, un gamin est capable de frapper et de tuer.

Comment, dès lors, pour des enseignants, réussir à faire passer des savoirs, tout en apprenant ce qu'il faut de distance pour résister à ces pulsions maladives ? Mission délicate, assumée mais souvent impossible, tant les représentations importées de l'extérieur sont si souvent brutales, agressives, mutilantes, discriminatoires. Songeons, de nouveau, à ces émissions de télé-réalités qui placent l'individu dans l'obligation de soumission à des situations dégradantes, le condamne au mépris de l'autre...Songeons à ces séries télévisées au rabais, importées d'un pays où il ne se passe guère de semaines sans une nouvelle fusillade meurtrière.

Songeons au poids des mots que les médias véhiculent avec une banalité confondante et même quand il s'agit de sport: une équipe a-t-elle perdu ? Non elle a été « corrigée » ; comment récupérer le ballon de rugby enfoui sous une mêlée ? En la « nettoyant »... Ce vocabulaire de bas étage relègue, à des années lumière, l'esprit même d'un sport collectif, d'un jeu que l'on aime, justement, pour ce qu'il permet, en théorie, de solidarité active.. Et surtout qu'on ne nous dise pas que l'on n'y peut rien, que le monde a changé, que la victoire n'a pas de prix.

Songeons aux excès du discours politique actuel, à l'image dégradée qu'il développe du débat démocratique, à la caricature sans vergogne qui est donnée de ces excès-là. Ils participent de ce climat de violence qui peut légitimer d'autres excès.

Au lendemain de la mort de Clément Méric il semble plus urgent que jamais, non seulement de mettre hors la loi ces groupuscules nostalgiques d'un autre âge mais aussi de susciter une prise de conscience générale, des responsables des partis qui doivent aller à la rencontre des jeunes - y compris de l'extrême gauche- et débattre avec eux, des syndicats, des associations, des religions. Et de chacun d'entre nous, en un mot de chaque citoyen dans sa relation à l'autre. A son voisin, comme à l'étranger qui sont dotés de la parole et qui n'osent peut être pas la prendre.

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