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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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12/04/2009

Après le rapport Delarue, il faut desserrer le noeud coulant des prisons

Que dit en effet ce Monsieur Delarue, contrôleur général des « lieux privatifs de liberté », très sérieusement chargé en juin 2008, par la chancellerie, de faire l’état des lieux ? Il affirme : « nous sommes dans une situation très mauvaise et grave ». Et de mettre l’accent sur les conditions déplorables de la garde à vue « où l’intimité des personnes est la plus malmenée » pointant notamment l’humiliation faite aux femmes , 55.000 en une année, à qui l’on demande d’enlever leur soutien-gorge, considéré comme un objet dangereux ; « ce n’est pas digne de la France en 2009 » ajoute M.Delarue. Le contrôleur et son équipe parlent en vraie connaissance de cause ayant visité 52 établissements depuis le début de leur mission qui ne s’est pas bornée aux prisons mais aussi aux centres de rétention et aux hôpitaux psychiatriques.
Le constat n’est pas vraiment nouveau mais il est global et va en s’aggravant. La prison est aujourd’hui un lieu d’extrême violence et la surpopulation carcérale, 13.000 détenus de plus que de places disponibles, est telle que le système ne peut que se durcir et détruire les personnes. L’an passé 112 prisonniers se sont suicidés et, face à une situation de grande tension, les gardiens craquent à leur tour. Deux suicides, en quelques jours, de deux jeunes fonctionnaires de 34 et 35 ans dans le Val de Marne et les Bouches-du-Rhône.
Désormais le ministère de la justice ne pourra plus se contenter de solliciter des rapports, l’avant dernier sur le suicide demandé à M. Albrand a donné lieu à polémique. Des mesures d’urgence s’imposent, d’autant que les syndicats annoncent un blocage progressif des prisons.
Il faut que l’homme de l’Elysée, le gouvernement et l’administration desserrent le nœud coulant qui étouffe un édifice, longtemps délaissé par les gouvernements successifs. Et, d’abord, accepter d’organiser un plus grand nombre de libérations conditionnelles et de remises de peine, en premier lieu pour les personnes dont on sait qu’elles ne représentent pas un réel danger pour la société.
Il y a grand danger, pour des motifs sécuritaires, et de politique politicienne, à continuer à renoncer à des options auxquelles les pouvoirs précédents ont dû recourir pour éviter le pire. C’est à dire une explosion sociale extrême, précédée d’un nombre de drames personnels qui déshonorent le pays qui se revendique patrie des « droits de l’homme ».

Joël Aubert 

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