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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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23/05/2022

Agriculture: ceux qui parlent, ceux qui agissent

L’agriculture, ce maillon essentiel de l’économie des territoires et de la construction des paysages, est le point d'appui de la cohérence, de la consistance même d’un pays, d’une région et même d’une commune. Par ce qu’elle produit : de quoi nourrir la population. Par ce qu’elle est aussi, comme cellule de base de l’organisation globale de la partie émergée de la planète.  

La vague de progrès technique qui a suivi la deuxième guerre mondiale s’est appuyée sur une modernisation spectaculaire de l’outillage agricole. Au même moment, le monde paysan devait répondre à une explosion des besoins alimentaires, liée à l’effet baby-boom et à l’avènement d’une société dite de consommation. De quoi bousculer l’agriculture, au point sans doute de l’entraîner vers quelques outrances dont ses partenaires industriels ont bien su tirer profit.

Aujourd’hui la société a changé de lunettes. L’espace rural n’est plus seulement le terrain de jeux exclusif des cultivateurs ou des éleveurs. Dans un pays majoritairement peuplé d’urbains, les usages de la campagne sont convoités par tous. Chacun en ayant son approche, surtout ceux qui n’y vivent pas. Des éoliennes, des zones économiques, des espaces de loisirs, des lignes à grande vitesse, des chemins de randonnée, des terrains de moto-cross, des conservatoires du "rien ne doit changer" ou des vagues artificielles de surf en plein forêt landaise… les revendications plus ou moins légitimes ne manquent pas. Au point de créer des polémiques, des comités de défense, des conflits d’usage et même des procès devant les tribunaux pour des coqs qui chantent trop forts aux oreilles des riverains.

La preuve est faite: les paysans ne sont plus les seuls acteurs du monde rural. A l’heure où l’humanité a développé une incroyable compétence à épuiser la planète, il est temps de revenir aux questions fondamentales. Production de proximité, préservation et reconquête de la qualité de l'eau et des espaces naturels, respect des saisons ou chasse aux polluants ne sont pas des enjeux secondaires. Il s’agit simplement mais urgemment de retrouver le bon sens.

Le monde agricole fait des efforts colossaux pour intégrer ces défis. Aucun paysan ne se lève le matin, le cœur léger, en imaginant que son travail pourrait porter atteinte à l’environnement. Pour autant, il vit sous la pression d’un nécessaire équilibre économique de son activité, comme tout entrepreneur.

De nouveaux modèles apparaissent. Les initiatives ne manquent pas pour modifier le cours des choses comme en témoignent tous ces jeunes qui reprennent des exploitations où ils croisent l’expérience des aînés avec leur souci de qualité et de développement durable. Le mouvement est enclenché et ne s’arrêtera pas. Charge aux urbains, de l’accompagner en consommant cohérent.

L’agriculture a encore de gros défis à relever mais pas dans une logique de confrontation partisane. Le Salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine est une formidable passerelle entre ceux qui ont des avis et ceux qui agissent. Plutôt que l’agri-bashing et les diktats militants, le temps est à la rencontre et au dialogue.

Bien plus qu’un salon, c’est un lieu de médiation pour construire le paysage -au sens le plus large- que nous voulons laisser à nos enfants. Ca vaut le détour, non ?

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