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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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12/04/2024

A Cambo-les-Bains, la démocratie bousculée

Les réactions n’ont pas tardé. La perturbation survenue cette semaine, lors du conseil municipal de Cambo-les-Bains, ayant entraîné pour son maire, un séjour à l’hôpital de quelques heures suite à une chute liée à une bousculade, a marqué les esprits en région et au-delà. Les violences, injures, menaces ou tentatives d’intimidation des élus et particulièrement des maires, sont de ces incivilités inacceptables pourtant de plus en plus présentes dans le débat public.

Ces élus locaux ont de longue date pourtant, été les « préférés » des français. Des élus à portée de mains, certes aussi « à portée d’engueulade », assez accessibles en tout cas pour demander ici un service, là une mise en relation, ou là encore peut-être, une place en crèche. Le bureau du maire allant jusqu’à devenir parfois un lieu de confidences des difficultés professionnelles, sociales, et parfois même personnelles de ses administrés, en toute confiance.

Evidemment, être prêt à entendre les coups de blues et les coups de gueule, ça ne veut pas dire accepter de prendre le risque de finir à l’hôpital de Bayonne avec une contusion cérébrale. Ça ne veut pas dire non plus, voir son conseil municipal perturbé au point de ne plus pouvoir en assurer la tenue. Une hostilité, une défiance, qui a en réalité dépassé ici les individus pour s’en prendre à la collectivité même : le choix des manifestants d’une intervention en conseil municipal n’est pas innocent. Il y a quelques semaines à peine, c’est la séance plénière du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine qui s’était vue retardée par l’intrusion d’un groupe d’agriculteurs prêts à en découdre. Ils avaient obtenu un tête à tête avec les élus régionaux, sous menace d’altérer gravement au bâtiment de la région. Une victoire… minable, disons-le.

D’autant plus minable que l’agriculture et les conditions de vie des agriculteurs, tout comme le difficile équilibre entre nécessaire création de logements sur un territoire qui en manque et tout aussi impérative préservation du foncier, pour ce qui est de l’épisode de Cambo, sont des thèmes qui méritent éminemment débats. Mais pas dans ces conditions là, pas sous la menace, ni par l'intimidation oppressante quels qu'en soient les moyens, bâtons de marche et sonnailles de bergers compris. La démocratie ne l'accepte pas. Le droit de manifester, que les Français manient avec grand art et souvent à raison, est d’ailleurs fait pour éviter ça. Autre option, les tribunaux. Le projet immobilier en cause à Cambo, est d'ailleurs en cours d'instruction devant la juridiction administrative de Bordeaux.

A propos de droit, ce cas basque, pourrait être le premier à se voir appliquer la nouvelle loi du 21 mars dernier, renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux. Une loi, consentie par le gouvernement comme une politesse envers ces élus de premières lignes. Certes, elle vient en réponse à l’explosion du nombre de ces agressions (2 387 faits sur les 3 premiers trimestres 2023, selon l’AMF), mais elle tend aussi à permettre au gouvernement à servir sa propre image auprès des édiles et élus locaux de France.

Le président jupitérien et ses gouvernements successifs depuis 2017, n’ont pas jusque-là particulièrement pris la peine de réellement écouter, prendre en compte, voire de soutenir de manière forte ces élus qui ont pourtant géré dans la solitude, tant les manifestations des gilets jaunes que les protections et inquiétudes face au covid, ou bien encore plus récemment, les émeutes urbaines et leurs conséquences suite à la mort du jeune Nahel. Une indifférence, confinant au mépris, qui passe mal la porte des mairies. De là à considérer que l’arrogance des uns ouvre la porte aux incivilités des autres…

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