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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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16/02/2024

Urgence pour le logement ?

Enfin! Le gouvernement à travers la voix de son nouveau premier Ministre a décrété depuis Villejuif « l’urgence pour le logement ». Une de plus, soit dit en passant, après l’agriculture qui pour l’heure, après les annonces, ronge son frein. Une urgence sur le logement qui ne semblait pas vraiment lui sauter au yeux, pas plus qu’à ceux de l’hôte de l’Elysée, 15 jours en arrière puisqu’aucun ministre ou secrétaire d’État en la matière n’avait été désigné au soir de sa nomination.

Désormais Guillaume Kasbarian, a pris, plus ou moins, les commandes en tant que Ministre délégué, derrière Christophe Béchu, à la Transition écologique, et Gabriel Attal donc. L’homme a un CV qui n’est pas pour plaire aux acteurs du logement en général et aux acteurs de la solidarité en particulier. Sa loi « anti-squatteurs » a laissé derrière lui quelques inimitiés dans le secteur. « Inquiétude », « mépris » même « inconscience » a-t-on pu lire ici ou là sur cette nomination vue par beaucoup comme « un signal négatif et hostile aux plus pauvres », selon un cadre de la Fondation Abbé Pierre…

Pour en revenir « à l’urgence », le nouveau locataire de Matignon a annoncé 5 mesures phare. Qui effectivement et de manière assumée ne visent en effet pas les plus pauvres, mais d’abord la classe moyenne voire « moyenne + » si on osait. En tout cas, c’est à eux que doit désormais s’ouvrir le logement social. Tout un symbole de la place et du rôle de cet habitat initialement d’avantage pensé comme un tremplin plutôt que comme une finalité… Mais après tout, la crise du logement en effet, n’épargne pas grand monde.

Après, avoir battu en brèche le modèle de la maison individuelle pendant des années, voilà le retour en grâce du pavillon individuel. La réhabilitation assumé « du rêve du français » moyen. Pour y parvenir, il propose de faciliter la division parcellaire des jardins. Un propriétaire pourra désormais en cacher un autre, ou un locataire. Pourquoi pas… pas sûr que ça réponde en masse au besoin de logements ni même surtout, à la première des questions de cette crise, le financement de l’accès au logement. En tout cas, en ces temps d’étés caniculaires, où l’on encourageait hier à la 0 artificialisation pour de multiples raisons, on se tiendra chaud entre voisins et au-delà, dans des lotissements quasi sans jardin.

Autre facilitation administrative prévue, la surélévation des bâtiments. Pourquoi pas, d’autant plaide le ministre de la Transition énergétique que ça peut être une opportunité en termes de rénovation thermique. Reste à voir aussi l’intégration de ces immeubles dans les paysages urbains, l’acceptabilité sociale, la faisabilité technique et les retombées effectives de tels projets… un vrai chantier sans doute à ouvrir.

Il y a aussi, autre promesse de simplification administrative, le souhait de transformer les bureaux vides en logement. Une promesse qui n’est pas nouvelle, pointe-t-on déjà du côté des acteurs du logement.

Enfin, les aides auprès des 22 fameux "territoires engagés pour le logement" qui s'engageront à construire 1.500 logements chacun. Bordeaux et Bayonne sont par exemple concernées. Au total 125 millions d’euros promis. Si tout est, certes, bon à prendre, les collectivités et les promoteurs sentent bien déjà des enveloppes assez minimes pour des projets qui, espérons, verront plus grands. Le dossier basque prévoit 3 500 logements dont 2 053 logements sociaux. Un investissement de 410 millions pour lequel l’enveloppe demandée à l’État sera de 33 millions. L’ambition ici n’est pas tellement du côté du gouvernement.

Mais c’est comme ça désormais qu’on règle les situations d’urgence : sans rien de très neuf, avec quelques sparadraps et mots de compassion, plutôt qu’avec des politiques.

En attendant, pour l'hébergement d'urgence, les villes de Strasbourg, Bordeaux, Grenoble, Lyon et Rennes déposent des recours indemnitaires contentieux contre l’Etat.

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