Util’Eco : L’économie sociale, solidaire et circulaire


Début octobre, Marc-Antoine Lasarte, rencontrait Anna Nguyen, sous-préfète d'Oloron, pour lui présenter Util'Eco, projet circulaire et solidaire dans le secteur informatique

Marc-Antoine Lasarte, directeur général de BlueConfig rencontrait ses partenaires et la sous-préfète d'oloron sur le site de l'ESAT de Bidos le 12 octobreAqui.fr

Marc-Antoine Lasarte, directeur général de BlueConfig rencontrait ses partenaires et la sous-préfète d'oloron sur le site de l'ESAT de Bidos le 12 octobre

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Publication PUBLIÉ LE 22/10/2021 PAR Solène MÉRIC

Dans les Pyrénées-Atlantiques, Marc-Antoine Lasarte est un jeune chef d’entreprise spécialisé dans l’informatique et bien conscient que l’accès au numérique de tout un chacun fait partie des indispensables de la vie en société. Lancé en 2014 sous le statut d’étudiant entrepreneur, avant de monter sa SAS en 2017, il a peu à peu élargi les services de sa société BlueConfig autour du crédo « l’informatique à domicile et à distance ». Après avoir notamment créé un Fourgon connecté, véritable atelier numérique mobile, déjà présenté à Cédric O, Secrétaire d’Etat au Numérique, BlueConfig a un nouveau projet bientôt sorti des cartons : Util’Eco. Un centre de réparation, reconditionnement et recyclage d’équipement informatique, en partenariat avec l’ESAT de Bidos.

Lorsque Marc-Antoine Lasarte présente sa société, c’est tout en efficacité et sans fioriture : «  BlueConfig est une entreprise de l’Economie Social et Solidaire axée sur la prestation informatique et l’inclusion numérique. Nous proposons 4 services principaux ; le dépannage et la maintenance informatique à destination des particuliers et des professionnels, la vente et le recyclage d’équipement informatique, le développement de sites internet et de solution web applicatif, et enfin de la formation ». En bref, un véritable couteau suisse de l’inclusion numérique.

Mais, suite au confinement 2020 et à une initiative de la Région Nouvelle-Aquitaine en matière de numérique responsable et plus sobre, Marc-Antoine Lasarte travaille depuis l’été 2020 à la création d’Util’Eco, un centre de réparation de reconditionnement et de recyclage d’équipement informatique et multimédia. Une impulsion soutenue aussi par les constats chiffrés qu’il rappelle : « En France 1,55 M de tonnes de déchets électriques et électroniques sont produits par an. 80% des déchets D3E (Déchets d’Equipements Électriques et Électroniques) finissent dans des décharges à ciel ouvert dans les pays étrangers quand 12% des Français n’ont pas d’équipement informatique… ».

« L’inclusion inversée ! »

Mais, au-delà de mettre en œuvre un projet d’économie circulaire autour du matériel informatique, de la récupération, via des dons, à la remise en circulation en passant par le tri, le recyclage ou le reconditionnement, Util’Eco pousse plus loin encore la dimension sociale et sociétale du projet. L’activité va en effet installée son futur centre de tri et de recyclage au sein de l’ESAT de Bidos, géré, à quelques encablures d’Oloron Sainte-Marie, par l’association du secteur médico-social, l’Adiaph. « C’est un partenariat particulièrement innovant puisqu’il amène une entreprise au cœur de notre ESAT », se satisfait le directeur général de l’Adiaph, Emmanuel Noirault.

Un enthousiasme aussi partagé par Frédérique Vitaud, la directrice de l’établissement qui accompagne 70 travailleurs en situation de handicap. Et pour cause, outre les activités proposées par l’ESAT ou la mise à disposition de personnes au sein d’entreprises principalement sur des activités de propreté, BlueConfig propose ici de « faire éclater les murs, en s’installant dans une partie de nos locaux. C’est de l’inclusion inversée en quelque sorte ! » décrit-elle.

Dans un premier temps, 3 postes seront mis en place au sein de l’atelier Util’Eco en cours d’installation. Mais « au fil du développement, on pourra aller jusqu’à 6 personnes dans l’atelier, supervisées par un chef d’atelier », précise Jacques Mouton, assistant de projet qui a conçu le futur atelier au sein de l’ESAT. « Un atelier qui soit le plus ergonomique possible, alliant sécurité, santé et bien-être », et selon des process adaptés aux travailleurs de l’ESAT.


D’une imprmante de 15 kg, à 50 g de fibre et de poussières
Concrètement, l’atelier comprendra, notamment, une zone de dépoussiérage équipée d’une grosse centrale d’aspiration _« les ordinateurs ne sont jamais nettoyés », glisse Jacques Mouton_ une zone de test permettant d’accueillir jusqu’à 9 PC simultanément, une zone de démontage, une zone de pesée et de tri des différents composants électroniques, à destination de structures spécialisées dans leur traitement, une zone de réparation et de maintenance, une zone de réparation dédiée à la téléphonie et aux tablettes, un espace de stockage de pièces d’occasion, encore une zone de tri pour les plastiques.

« Il faut séparer les différents types de plastique et les trier par composition chimique que nous mesurons grâce à un spectromètre. Il faut aussi absolument sortir toute trace de brome, qui est un dangereux propagateur de flamme, deux types de filtres sont mis en place pour s’assurer de ça », précise le concepteur de l’atelier. Les plastiques sont ensuite broyés sous forme de granulats puis revendu aux plasturgistes. « Nous avons testé notre process sur une imprimante de 15 kg. Le plastique en représentait 9,5kg. En bout de chaîne, il ne nous restait que 50 g de fibre et de poussière ».

Grâce à un partenariat avec le STICOM Haut-Béarn, Util’Eco récupérera aussi un grand nombre des câbles informatiques. Ils seront eux aussi broyés à l’Esat après séparation des plastiques et du cuivre. Celui-ci sera revendu auprès de fonderies. A terme, Util’Eco compte bien aussi fabriquer son propre fil plastique pour imprimante 3D afin de le vendre, la niche étant financièrement intéressante, mais aussi de pouvoir fabriquer ses propres pièces détachées…

Transparence

Concernant le matériel apporté à l’atelier, il viendra du don soit d’entreprises, « dont le rôle des services informatiques n’est pas de prendre le temps de gérer en interne la question de la fin de vie des équipements », soit d’associations ou bien encore de particuliers, grâce à la mise en place de « dépôteurs connectés », répartis sur le territoire. Grâce à une étiquette collée sur l’objet par chaque donneur, ceux-ci sauront ce qu’il advient ensuite de leurs dons : démantèlement, don à des écoles ou des associations si le matériel est en état de marche, ou enfin, en reconditionnement pour la vente par le biais de points de vente physiques ou en ligne. « Des produits reconditionnés que nous garantissons 5 ans », appuie en gage de qualité, Marc-Antoine Lasarte.

« Les entreprises ont ainsi le choix sur la procédure de destructions des données que peuvent contenir leur matériel », souligne l’entrepreneur, soucieux d’afficher la démarche de transparence du projet. Des entreprises qui peuvent aussi par le biais d’Utili Eco, valoriser leur choix dans le cadre de leur politique RSE… Autre avantage pour les donneurs, quel que soit leur statut : le bénéfice de tarifs préférentiels sur du rachat de matériel neuf ou reconditionné proposé par Blue Config… et ainsi la boucle est bouclée, avec la volonté forte du créateur de la société d’avoir le plus possible la main sur la fin de vie de ces équipements.

 

« Faire du bruit »

Le projet, estimé à plus de 430 000 €, dont 23 000€ pour l’aménagement de l’ESAT, commence peu à peu à se mettre en œuvre notamment grâce à des partenariats avec de grandes entreprises telles Safran, Etcher ou le Crédit agricole Pyrénées-Gascogne, et l’utilisation pour l’heure du site historique de BlueConfig à Ogeux pour le traitement et le reconditionnement du matériel. La vente est également en test via une boutique éphémère dans la galerie du centre commercial de Lescar. Quant à la mise en œuvre totale et effective du projet, et notamment l’atelier à Bidos, elle est espérée pour 2022.

Dans l’attente de la validation du dossier financier auprès de la Région et des différents partenaires, l’enjeu aujourd’hui pour l’équipe de BlueConfig est « de faire du bruit » pour que le cercle vertueux puisse sereinement prendre son élan. Le projet concourt d’ailleurs au Trophée du commerce de la CCI de Pau le 15 novembre prochain. Dans cette même logique aussi, début octobre, à Bidos, sur le site du futur atelier, Marc-Antoine Lasarte, rencontrait la Anna Nguyen sous-préfète de l’arrondissement d’Oloron, visiblement enthousiasmée par l’idée.

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