À une cinquantaine de mètres du Grand Théâtre de Bordeaux, illuminé aux couleurs de Noël, un groupe de passants, chacun muni d’un bonnet rouge ou d’une autre décoration festive, se forme peu à peu aux alentours de 19H30. Ils sont une vingtaine ce lundi soir à avoir répondu au même appel : celui de la 4ème édition de la Maraude de Noël, organisée par l’association bordelaise Précœurité. Au programme, distribution de livres, d’écouteurs, de parfums et d’autres produits de loisirs aux personnes en grande précarité et la remise de produits hygiéniques et vestimentaires aux plus nécessiteux.
Très vite, une femme âgée et un trentenaire s’approchent du collectif. Les bénévoles prennent un grand plaisir à échanger avec eux dans un climat chaleureux et à leur offrir des cadeaux. Si l’association mène chaque semaine une distribution de vêtements chauds et d’équipements de survie, la maraude de Noël reste un évènement annuel spécial pour les bénévoles de Précœurité. « Il y a 2 fois plus de bénévoles que d’habitude, constate Marina Foussat, trésorière de l’association. L’esprit de Noël et le fait d’offrir des cadeaux aux personnes en difficulté, ça attire les gens », conclut-elle alors qu’une enceinte laisse entendre la voix de Maria Carey et sa chanson devenue culte All I Want For Christmas Is You. Après 20 minutes passées au pied du Grand Théâtre, les maraudeurs engagent la marche dans la rue Sainte-Catherine.
Pour les bénévoles, une véritable expérience humaine
Comme tous les lundis, Jean-François et Myriam ont parcouru 30 kilomètres pour participer à la tournée hebdomadaire. Tombés « par hasard » sur les appels à bénévoles de l’association sur Facebook il y a un an, le couple a participé depuis à plus de 40 maraudes. Pour celle de Noël, leur motivation à se déplacer a été encore plus grande que d’habitude. « Contrairement au reste de l’année, on ne vient pas à la maraude de Noël pour offrir que du nécessaire, mais aussi pour du plaisir et un moment de convivialité », explique Jean-François, chargé de distribuer les carnets de jeux.
Un peu plus loin, Apolline tire une caisse roulante remplie de livres, d’écharpes et de bonnets. Cette jeune femme, qui participe à sa deuxième maraude, connaît Précœurité par le biais de sa cousine, Mélissa Nicolas, co-fondatrice de l’association. Vivant à Nantes, elle a fait le voyage jusqu’à Bordeaux pour vivre cette expérience humaniste.
Je le fais car ça permet de se rendre compte de la vraie vie des personnes à la rue et de comprendre qu’on est des privilégiés
À 20h41, le groupe atteint la Place Saint-Projet, où une dizaine de personnes sans-abris sont présentes. Toute l’équipe se place en ligne pour accueillir les nombreux bénéficiaires à la file indienne. » Je vais aller au cinéma ! » s’exclame un jeune homme à qui les bénévoles viennent d’offrir une place de cinéma. Aux alentours, les passants portent un regard curieux vers la scène de liesse qui se déroule. « C’est la fête ce soir« , s’étonne avec humour une agent de propreté de la ville en voyant les personnes présentes danser.
Lorsque la marche reprend en direction du Palais des Sports, les stocks de cadeaux sont faibles. Tous les équipements de survie, dont une partie provient de la boîte à dons installée par le magasin Au Vieux Campeur de Bordeaux, partenaire de la maraude, viennent d’être donnés. Les maraudeurs s’arrêtent en cours de route pour préparer des poches de cadeaux et les offrent à quelques personnes endormies sur le sol.
À 22h, il est l’heure de boucler la boucle. En revenant au Grand Théâtre, la troupe recroise les bénéficiaires de la Place Saint Projet, qui tentent de négocier une dernière tournée de dons, en vain. En effet, la maraude se conclut 10 minutes plus tard là où elle a commencé. Pour la plupart des bénévoles, le moment est venu de se dire au revoir. Pour certains, l’expérience se renouvellera dès le 8 janvier 2024, date de la prochaine maraude de Précoeurité.