La décision a été officialisée le 9 mai 2022. Ce jour-là, la mairie de Bordeaux et l’association Mémoires et Partages avaient lancé une mission de préfiguration, dont le but était de créer un « centre de ressources et des mémoires des esclavages ». L’objectif ? Allier histoire, mémoire et dialogue dans un lieu ouvert à des événements artistiques.
Le projet est désormais lancé, à travers une Consultation citoyenne qui se tiendra du 1er janvier au 28 avril 2023 dans divers lieux de la métropole bordelaise. Menée par Mémoires et Partages, la mission est composée de 27 membres (représentant.e.s de collectivités, de l’Etat, d’associations, d’entreprises, écrivains, artistes, journalistes…).
« Il n’est pas question de se flageller »
La parole des bordelais et bordelaises sera recueillie, afin de connaître leur opinion, leurs attentes et leurs propositions concernant ce projet. Au terme de cette consultation, un rapport final sera déposé à la mairie de Bordeaux le 10 mai 2023.
Toutes les formes et époques de l’esclavage seront abordées au sein de cette Maison : « Nous ne voulons pas nous enfermer dans l’esclavage occidental », affirme Karfa Diallo, fondateur-directeur de Mémoires et Partages et conseiller régional en Nouvelle-Aquitaine.
« Il n’est pas question de se flageller aujourd’hui », affirme quant à lui Norbert Fradin, fondateur du Musée de la Mer Marine. « Ce qui est important pour nous, c’est de maintenir cette mémoire. Elle doit servir à se préserver de ce qui existe. Car il y a encore dans le monde une foultitude de modes d’esclavage ».
« La liberté et l’égalité ne sont jamais acquises »
Le musée accueillera les membres de la Mission le 28 janvier 2023, pour une première rencontre dans le cadre de cette consultation. Ce sera ensuite au tour de Darwin de recevoir le groupe, aux Chantiers de la Garonne, le 9 février. Enfin, le troisième lieu à héberger les échanges sera la Maison des Femmes de Bordeaux : « Elle nous permettra de recueillir l’avis des femmes engagées sur leurs droits », prévoit Karfa Diallo.
Si beaucoup d’éléments restent encore à déterminer pour la mise en place du projet, une chose est sûre : la Maison contre les esclavages prendra place à Bordeaux même. « Cette mémoire demande aujourd’hui à se traduire en réel projet social et urbain. Qui s’ancre dans le territoire », explique Karfa Diallo. « Nous considérons que ce lieu devra se situer sur le territoire de Bordeaux », souligne Patrick Serres, président de Mémoires et Partages. « Cette histoire n’est pas que celle de la ville, mais celle de la région. Mais physiquement, le lieu d’où tout partait et tout arrivait était le port de Bordeaux. Nous pensons donc essentiellement à ce lieu urbain ».
Si le lieu sera « festif », son but sera de commémorer la mémoire liée à l’esclavage, afin de ne jamais oublier ces pages de l’Histoire qui sont encore d’actualité : « La liberté et l’égalité ne sont jamais acquises. La mémoire nous permet de pouvoir conjurer le spectre de la violence qui nous guette », affirme Karfa Diallo. « Le symbole de ce qui ne doit plus jamais se passer doit rester. Car c’est un message aux générations actuelles et à venir ».