Une consommation schizophrène des Français


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Une consommation schizophrène des Français

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/06/2019 PAR Sybille Rousseau

Qui sont les consommateurs d’aujourd’hui ? Que consomment-ils ? Comment justifient-ils leur consommation ? Et comment les Coopératives agricoles peuvent-elles répondre aux nouveaux modes de consommation ? C’est à toutes ces questions que Dominique Aribert, directrice du pôle Conservation de la Ligue Protection des Oiseaux, Franck Aubrée, président de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) de Nouvelle-Aquitaine, Dominique Chargé, président de Coop de France et Marie-Benoit Magrini, économiste à l’INRA, ont tenté de répondre le jeudi 13 juin, lors de l’AG de Coop de France, à Bordeaux.
« Aujourd’hui, les citoyens sont sensibles au réchauffement climatique et à la biodiversité. Ils comprennent les enjeux environnementaux ». Dominique Aribert en est persuadée. « Entre 2006 et 2016, nous avons dénombré 36 % de chauve-souris en moins. 1/3 des oiseaux en milieu agricole ont disparu. Nous entendons moins de chant d’oiseau dans la rue et cela, les citoyens l’ont bien remarqué. » Pour travailler davantage avec les agriculteurs, la LPO a mis en place un projet baptisé « Des Terres et des Ailes » qui propose des aménagements favorables aux oiseaux et aux insectes faciles à mettre en place, des conseils pour accompagner chacun dans les démarches et   de faire connaitre et valoriser des actions concrètes. Aussi, dernièrement l’association et la FNSEA ont remis un courrier au ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, pour lutter contre la disparition d’espèces.

Consommation contradictoire, coexistence des filières
Franck Aubrée, tout nouveau président de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) de Nouvelle-Aquitaine et membre du Groupe Auchan depuis plus de vingt ans, prit ensuite la parole pour dresser un portrait de la consommation actuelle. « Les attentes des consommateurs sont schizophréniques, contradictoires et excessivement variées. Du coup, nous observons une fragmentation de la consommation », tint-il à souligner d’entrée de jeu. Aussi, le rapport au produit a évolué. « Huit Français sur dix veulent savoir d’où vient le produit qu’ils vont manger, obtenir tous les éléments sur sa traçabilité, d’où l’explosion des applications relatant ces informations. » La sécurité alimentaire est donc une attente certaine du consommateur du XXIème siècle. « Egalement, la population vieillit, nous devons donc répondre à de nouveaux besoins. Et le profil de la famille type n’existe plus. Nous devons nous adapter à de nouveaux schémas de vie. » Concernant la fragmentation des courses, pour Franck Aubrée, « la fidélité n’est plus de mise. La grand-messe du supermarché est révolue à cause de la montée en puissance des courses de proximité. Aussi, la livraison à domicile fonctionne très bien et pourrait également prendre le pas sur cette proximité. Enfin, la restauration hors foyer explose. 24 % des repas sont pris en dehors du domicile. » Même son de cloche du côté de Marie-Benoit Magrini, économiste à l’INRA. « Nous sommes en présence de deux consensus majeurs dans les modes de consommation d’aujourd’hui. Les consommateurs aiment la variété. Ils sont moins fidèles. Et nous observons une coexistence des filières. Dans un même panier, nous pouvons voir des carottes bio voisines de bonbon Haribo. »

Suite à ces propos, Dominique Chargé, président de Coop de France s’est dit « interpellé mais pas décalé. » Pour lui, une autre réalité est à mettre en avant, celle du « pouvoir d’achat ». Et de rappeler que depuis toujours « l’agriculture a su s’adapter aux prises de positions des décideurs politiques ». Lui assure que les coopératives développent davantage les consommations de proximité et répondent du même coup à ces nouveaux modes et demandes de consommation. « Les demandes des consommateurs sont multiples et contradictoires. Notre rôle est bien de décrypter ce qui est de la mode passagère en accompagnant les évolutions. Nous nous sentons totalement impliqués dans ces nouveaux modes de consommation. » Aussi, il a tenu à préciser qu’aujourd’hui les coopératives doivent être présentes dans toutes les gammes de produits. « Nous devons avoir des solutions alternatives et les diffuser et que le consommateur comprenne que tout produit possède un prix de fabrication. Il faut parler de création de valeur avant de partage de valeur. Mais pour cela, nous avons un grand besoin d’innover ! »

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