La France, qui a des moeurs d’une vieille démocratie parlementaire ,n’a guère cessé depuis le début de La V° République de donner au président élu les moyens de gouverner. C’est à dire des majorités dévouées et,depuis que sous le gouvernement Jospin, en période de cohabitation, les calendriers électoraux -présidentielle legislatives- ont été ajustés, il y a peu de chances de revivre une cohabitation. Autant dire d’être contraint, pour le pouvoir en place, à rechercher des compromis avec le Parlement. Rien de tel avec le Parlement Européen, élu au scrutin de liste, à la proportionnelle, ou la culture du compromis est la règle. Et où, par le jeuconjugué des représentations nationales des 27 pays membres de l’Union et des sensibilités politiques différentes au sein des groupes politiques, les débats peuvent prendre tout leur temps. Cette pratique dont il n’y aucun équivalent dans le monde est méconnue en France. Pourtant, il est significatif comme le rappelle Mme Robert-Besse que les démocraties d’Europe centrale, renaissantes, s’intéressent beaucoup plus aux lois qui sont votées à Strasbourg que la France ne le fait. D’abord les connaît-on et sait-on que notre propre arsenal législatif découle de plus en plus des propositions et travaux de quelques 785 députés ?
Européennes: on votera aussi en juin 2009
Le grand rendez vous électoral européenqui aura lieu en juin 2009 nous en donnera l’occasion. Au moins, ayons-le dèjà en tête, ne serait-ce que pour conjurer le risque d’une très forte abstention sur fond d’euroscepticisme galopant. Mais comme le pire n’est jamais certain, il y a lieu de s’intéresser de près dans les prochaines semaines et mois à l’actualité européenne. La présidence française qui commence le 1° juillet va nécessairement projeter les caméras dans les pas de Nicolas Sarkozy; celui-ci ne fait pas mystère de ses intentions d’action. Il sera d’ailleurs attendu de pied ferme à Strasbourg dans les premiers jours de juillet. Il y dévoilera ses priorités, au premier rang desquelles la mise en place d’une politique d’immigration dont les « normes » seraient précisées , en particulier en ce qui concerne le sort des clandestins, leur rétention et la reconduite aux frontières. Une question très sensible et que l’homme de l’Elysée aura intérêt à aborder avec diplomatie devant le Parlement.
Un traité à ratifier
L’actualité européenne, c’est, aussi et surtout, la poursuite des ratifications du traité de Lisbonne qui doivent, dans l’absolu, aboutir d’ici à la fin de l’année. Sept pays dont la France et la Bulgarie, le dernier en date, l’ont fait.Objectif:son entrée en application, l’an prochain, avec l’une des conséquences les plus visibles pour les citoyens européens, le choix d’un président et la mise en place d’un nouveau fonctionnement des institutions. Cette ratification est encore loin d’être gagnée. Des pays comme l’Irlande qui ont pourtant bénéficié énormément de l’Union traînent les pieds face à la mise en route d’un référendum; la Pologne sous les coups de boutoir des frères Kacynski est repartie dans une campagne aux mauvais relents nationalistes. Quant aux britanniques, on comprend mieux pourquoi Nicolas Sarkozy met le paquet, ces jours-ci, sur le mode de l’entente amicale, fraternelle etc… pour les convaincre d’y aller de meilleur coeur et pas seulement pour faire du lobbying à Bruxelles ou récupérer l’argent qui s’y trouve.
Joël Aubert