Vendredi 4 avril, Monsieur Djilamani, 47 ans, résidant en France depuis 20 ans et parfaitement intégré, se rend à la préfecture de la Gironde pour retirer un dossier d’étranger malade. Atteint d’un glaucome, il est invalide à 80%, à moitié sourd et ne voit quasiment plus. En possession d’un certificat médical il se rend seul aux guichets de la préfecture sur les conseils de Médecins du Monde, qui atteste que toute interruption du traitement de cet homme rendrait sa cécité totale et immédiate. « La préfecture a, alors, profité de sa vulnérabilité et du fait qu’il soit seul, pour signaler ce sans papier à la Police de l’air et des frontières, qui l’a amené au Centre de rétention administrative en vue d’une expulsion rapide » s’insurge Matthieu Rouveyre, conseiller municipal de Bordeaux et conseiller général. Samedi 5 avril, au lendemain de son arrestation, le juge des libertés et de la détention a ordonné la remise en liberté de ce sans papier. « Il s’est appuyé sur l’article 5 de la convention européenne des droits de l’homme », qui protège les citoyens contre des arrestations « arbitraires », précise son avocat, Me Trebesses.
« Une volonté manifeste d’expulser à peu de frais »
« Ce procédé détestable témoigne d’une volonté manifeste d’expulser à peu de frais. Comment inciter les étrangers à effectuer les démarches nécessaires à leur régularisation s’ils ne peuvent avoir la moindre confiance en l’autorité compétente ? Non seulement la politique actuellement suivie par notre pays en matière d’immigration est particulièrement indigne de la France mais en outre elle crée un climat de terreur qui dissuade les sans-papiers de simplement demander leur régularisation. » relève Matthieu Rouveyre.Dans un premier temps, la préfecture a fait appel de la décision du juge, mais elle a décidé de retirer son appel aujourd’hui 7 avril. Preuve, qu’elle est consciente que cette arrestation était contraire aux droits de l’homme…
Photo : Olivier Bareau
Nicolas César