Un Conseil municipal (presque) comme un autre


Solène Méric

Un Conseil municipal (presque) comme un autre

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/06/2017 PAR Solène MÉRIC

Trois conseillers municipaux de la majorité, adjoints au Maire, Marik Fetouh, Nicolas Florian et Anne Walryck, sont encore en lice dans la course législative, bien que sous deux étiquettes distinctes. Les rangs de l’opposition bordelaise comptent quant à elle des candidats défaits, dont la députée sortante de la 2ème circonscription, victorieuse d’Alain Juppé en d’autres temps, Michèle Delaunay. Au lendemain du premier tour des élections législatives, le Conseil municipal de Bordeaux avait donc tout pour ne pas être un Conseil ordinaire. Pourtant, à l’exception d’une petite mise au point de la bouche de la candidate déchue, ni de trop forte rancune ni de coup d’éclat à noter lors de cette séance. On a même assisté à un vote à l’unanimité, et à des points de vue partagés sur la probable future majorité présidentielle de l’Assemblée nationale, quant à « son manque d’expérience ». Il faut dire qu’à Bordeaux comme dans les autres collectivités locales, droite et gauche sont désormais davantage dos à dos au regard de la politique nationale, que concurrents directs. De quoi tirer deux conséquences possibles pour le socialiste Vincent Feltesse: soit « ce sera positif et on arrêtera de se renvoyer la balle les uns les autres » en écho à la politique nationale, soit ce sont « des politiques en lévitation qui s’annoncent au niveau local ».

« Ce qu’on appelle être une bonne perdante… »

En tout cas ce lundi dans la salle du Conseil municipal de Bordeaux, hasard des positionnements politiques et de l’ordre alphabétique, Michèle Delaunay et Anne Walryck, toutes deux candidates sur la 2ème circonscription de Bordeaux sont, bien qu’éloignées, quasiment en face en à face. Mais pas d’échange direct entre les deux concurrentes d’avant-hier, c’est à Alain Juppé que la députée sortante, sortie, adressera la seule « pique » directe sur l’élection de la veille. Et ce dés le début de la séance.
Après que celui-ci ait pris soin « de saluer le combat très démocratique du premier tour et de souhaiter bonne chance à ceux qui sont au 2nd tour », Michèle Delaunay, rappelant que plusieurs Conseils municipaux ont été annulés ou repoussés à l’occasion des primaires, a estimé « qu’on aurait pu repousser ce Conseil municipal aussi ; pour alléger l’atmosphère ». Une atmosphère un brin revancharde dans les premières minutes. La députée sortante, tenant en effet à dire publiquement « merci » au Maire de Bordeaux « pour les appels téléphoniques reçus par de nombreux bordelais le samedi veille de l’élection » afin de les « conseiller » sur leur choix du lendemain, pointe-t-elle. Un reproche de l’élue conclu dans l’ironie par un Alain Juppé un peu agacé, mais faisant sourire sa majorité et quelques autres : « C’est ce qu’on appelle être une bonne perdante…! ». Et d’enchaîner sur le débat du Compte administratif 2016.

Opposition et majorité dans leurs rôles

Présenté par l’Adjoint au Maire en charge des Finances, Nicolas Florian, le document vient retracer l’exécution du budget 2016. Une délibération qui a donné à débat ou à critique de la part de l’opposition, mais dans une ambiance bien plus calme que celle qui a présidé, lors des précédents votes sur les orientations budgétaires ou le budget primitif pour 2017 notamment. Il faut dire qu’ici le compte administratif ne vient « que » constater une situation comptable et non, à l’inverse du budget, annoncer des politiques ou investissements à venir. Ce qui n’a pour autant pas empêcher la critique d’une opposition fidèle à son rôle, regrettant notamment « un endettement supérieur à ce qui était prévu », « des écarts importants entre les investissements budgétisés, les investissements effectivement réalisés », « la progression des charges de personnels plus importante que dans les communes de tailles comparables », ou encore la baisse des subventions aux associations, quant à elle, « plus forte à Bordeaux que dans les communes comparables ». Autant d’éléments contestés ou justifiés par la majorité, elle aussi bien dans son rôle…

« Un hiatus à venir entre assemblées locales et Assemblée Nationale »

Mais il est un point sur lequel le socialiste Vincent Feltesse et Alain Juppé se retrouvent : la perspective d’une baisse continue des dotations de l’Etat aux collectivités, d’autant plus inquiétantes pour les deux hommes, que le projet d’Emmanuel Macron, envisage une suppression de la taxe d’habitation. Or la taxe d’habitation, en 2016, a rapporté 97,2 M€ de recettes fiscales à la ville de Bordeaux sur une ressources fiscale totale de 246,9 M€. « Avec cette suppression potentielle, c’est l’autonomie fiscale municipale qui risque de quasiment disparaître », estime l’élu socialiste qui souligne en outre « un hiatus à venir entre les assemblées locales et la future assemblée nationale, dans laquelle il n’y aura pratiquement personne du niveau local ».
Une considération, voire une inquiétude, que le Maire de Bordeaux partage, reprenant le mot de Vincent Feltesse, mais visant plus spécifiquement le non cumul des mandats : « il est vrai que cette Assemblée nationale aura peu de députés avec une expérience locale. Il y aura bien un hiatus, et notamment sur la taxe d’habitation. Des maires siégeant à l’Assemblée auraient pu expliquer pourquoi cette réforme est une mauvaise réforme ». Une mesure qu’en marge du Conseil municipal, il dénonçait comme « une mesure jacobine de centralisation, signe d’une mauvaise connaissance du terrain ». Lui qui au même moment déclarait avoir « toujours déconnecté dans [sa] gestion municipale, les élections locales et nationales, sans aucun problème » va peut-être, selon les résultats du second tour, devoir revoir un peu sa position, sur certain point en tout cas… Et qui sait, s’annonce peut-être une (des?) situation(s) pour le moins inédite(s) où opposition et majorité bordelaise, au-delà des désaccords classiques, auraient des combats communs ?

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle !
À lire ! MÉTROPOLE > Nos derniers articles