Tribune libre – Migrants  : Seule l’action fait l’histoire


Alexandra Siarri

Alexandra Siarri: Facebook sur la durée ne pardonne aucune imposture aucun mensonge

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/09/2015 PAR Alexandra Siarri et Christophe Adam

Chacun de nous, rationnellement, comprend bien l’immense difficulté à stopper la fuite des désespérés. Tous ceux qui vivent la foi pensent à l’étranger ou au pauvre comme celui auquel on doit donner une place à sa table. Tous ceux qui croient en la République reconnaissent la fraternité comme le respect de l’autre en tant que son semblable. Chacun doit avoir en tête que ses ascendants ont un jour migré et/ou que ses descendants vont un jour migrer par audace ou par nécessité.

La vision des migrants aujourd’hui est une toute petite fenêtre sur l’horizon des réfugiés climatiques , demain.
Les guerres et les fanatismes religieux à l’origine de ces migrations se développent dans des sociétés minées par la détresse sociale. Ils sévissent majoritairement dans des Etats dont les populations ont été victimes dans le passé de graves spoliations et autres formes de prédations par d’autres Etats. Il est capital de comprendre que ce sont souvent les mêmes peuples qui subissent les conséquences d’un partage inéquitable, et totalement déraisonnable, des ressources naturelles. Les plus fragiles partout dans le monde désormais sont concernés.

Notre rapport à la nature et à la notion même de partage doit profondément changer sous peine d’une explosion du nombre de migrants / réfugiés climatiques à cause de nouvelles guerres et de famines.

Car les conséquences de l’explosion démographique et de nos modes de consommation, au regard de nos ressources, par essence limitées, sont en réalité insuffisamment pensées. La science, seule, ne pourra pas tout . La science a besoin de ressources pour créer (énergies, métaux, biodiversité…). Or chacune, en l’état, est à terme en rupture de stock du fait du nombre exponentiel de consommateurs.

C’est donc d’une prise de conscience radicale dont nous avons besoin et pas seulement de celle liée à notre stricte devoir humanitaire.

 

Christophe Adam est médecin généraliste et trésorier national de Médecins du Monde FranceEn attendant le grand soir… C’est d’une réforme globale dont nous aurions besoin sur l’accompagnement des publics vulnérables notamment dans les métropoles qui accueilleront 60% de la population mondiale et l’essentiel de la pauvreté.

Aujourd’hui il se dit que le sort des migrants dépend de l’efficacité d’une gouvernance mondiale affûtée. Les semi succès de sommets internationaux en tous genres démontrent la difficulté de l’exercice.

On entend surtout des discours creux ANTI ou PRO migrants sans aucune modalité de mise en œuvre compatible avec notre constitution, ni réalisable sans une nouvelle organisation notamment administrative voir d’un mouvement citoyen exceptionnel . Les populistes excellent dans l’exercice médiatique : leurs auditeurs devraient pourtant exiger d’eux des clarifications sur les conséquences exactes de leurs visions sécuritaires ou au contraire abolitionnistes.

Pour le moment, au cœur des métropoles, les migrants affluent, rejoignant dans nos rues tous ceux qui n’ont plus rien . C’est en tant qu’acteurs de terrain au contact direct avec ceux là, que nous écrivons. Les budgets de l’Etat, exsangues, rendent toujours plus difficiles l’accueil de tous ces publics migrants ou pas dans des conditions dignes.

Les travailleurs sociaux sont débordés. Ils actionnent des dispositifs obsolètes et déplorent le temps qu’ils consomment à de la procédure au détriment de l’accompagnement des publics qu’elles qu’en soient l’issue y compris et finalement dans de rares cas, l’expulsion quand elle est décidée. Notre pays vit ce paradoxe intolérable de ne plus être efficace dans son action sociale, alors que les masses financières investies ont explosé. L’inefficacité de notre politique d’asile témoigne de l’obsolescence de notre bouclier social qui n’intègre plus. Les inégalités sociales et territoriales se creusent.

Il est urgent de réformer nos politiques de solidarités en garantissant une simplification administrative, la confiance dans l’échelon local, la reconnaissance et la valorisation des métiers du premier recours, la priorité à la médiation au plus proche du terrain, l’obligation pour chaque ville d’accueillir les plus fragiles proportionnellement à sa population, le droit à l’initiative et à l’innovation, . Faisons confiance aux professionnels, aux capacités des aidés et des aidants :  arrêtons de construire des impasses ou de légitimer l’impossible ou l’inacceptable. Faisons le choix d’être du bon côté de l’histoire…

Faisons en sorte que cette question d’actualité fasse naître des débats citoyens de fond, sur notre idéal républicain, européen, sur l’efficience de nos politiques publiques, sur nos solidarités de proximité, sur nos modes de vie et de partage.

Alexandra Siarri est adjointe à la ville de Bordeaux en charge de la cohésion sociale et territoriale et conseillère régionale d’Aquitaine
Christophe Adam est médecin généraliste  et trésorier national de Médecins du Monde France

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles