Ce n’est pas parce que la région Alsace pionnière dans ce domaine n’a pas réussi, qu’il est interdit aux autres régions de tenter des rapprochements pour arriver à la fusion.
Cette possibilité, nous est offerte par la loi de réforme des collectivités territoriales de décembre 2010. Il serait dommage qu’après avoir vécu sous des décennies de centralisme administratif pesant, les régions ne profitent pas de cette opportunité nouvelle, offerte par l’Etat.
Ceci pourrait se traduire pour la région Aquitaine, dans un premier temps par un rapprochement actif avec la région Midi Pyrénées et pourquoi pas Languedoc-Roussillon, pour tendre vers la fusion, avec, pour objectif final la création d’une Eurorégion Grand Sud-Ouest, homogène, fédérée par le massif Pyrénéen, qui traverse ces trois régions, avec à l’Ouest et à l’Est deux façades maritimes. Avantage indéniable, dont peu de régions en Europe peuvent se prévaloir. A cet ensemble, peut être un jour, pourrons nous proposer, à tous nos amis voisins du Sud, de nous rejoindre pour poursuivre d’un commun accord cette aventure.
Dernièrement, le journal La Dépêche du Midi a publié un article titré « Béarn et Bigorre: Les feux de l’Adour » qui évoque un possible rapprochement entre le Béarn et la Bigorre. Cette approche chère à certains n’est pas crédible, dans le contexte économique de globalisation actuel, par contre, il pourrait l’être dans le cadre d’une Eurorégion. Il ne faut pas se voiler la face, 600000 habitants, même avec du pouvoir d’achat, à l’échelon Européen, c’est tout juste une ville moyenne!!! Surtout, que cette enclave, n’aurait pas de façade maritime, ni de débouchés viables vers le Sud.
Toutefois, quelques mots très significatifs de ce texte, qui sont » Voire plus … » , ont particulièrement attiré mon attention. Cela, laisse supposer que coté région Midi-Pyrénées, des gens aussi cherchent à développer cette idée de fusion, à plus ou moins long terme.
Dans bien des domaines, ces régions sont complémentaires, mais aucune n’atteint le seuil de compétence et crédibilité auprès de l’Opinion, des Administrations Françaises mais surtout Européennes pour mettre en avant leurs atouts, qui ainsi, se perdent dans les méandres administratifs actuels, Français ou Européens. (Voir pour exemple la difficulté de la réouverture de la liaison ferroviaire Pau / Canfranc, qui démarre sans financement Européen et un très faible de la part de l’Etat Français).
Pour parvenir à cet objectif, à partir du consentement des Présidents des Régions, deux solutions seraient possibles.
- La première, serait la solution que j’appellerai » Administrative Référendaire », qui a été utilisée par nos amis Alsaciens. Cela à l’avantage d’être rapide, mais fait courir le risque de l’incompréhension de la part des citoyens par manque de concret sur le terrain, surtout en période de difficulté économique.
- La seconde, serait une solution que j’appellerai « Relationnelle « , plus longue à mettre en oeuvre, mais qui obligerait chacune des composantes à apprendre à se connaître et se faire connaître, à juger les capacités d’engagement des autres et à maîtriser l’esprit de domination, des uns sur les autres. Cette solution serait sanctionnée au final par un vote (Référendum ou autre) et aurait l’avantage de se traduire sur le terrain par des actions concrètes, profitables aux citoyens.
D’une période de 3 à 5 ans, cette transition serait de la responsabilité d’un Conseil ou Comité de Surveillance, composé de représentants des Régions actuelles, de la Société Civile, de l’Etat.
Sa mission serait de veiller en permanence l’avancement du projet, en fixant des objectifs et un calendrier, tout en faisant des propositions et des recommandations, à toutes les parties, avec un devoir de résultat pour atteindre l’objectif dans les délais impartis.
Deux cercles d’influence
La situation actuelle fait qu’aujourd’hui, les régions sont sous l’influence d’un système d’influence « volumique »(sphère), qui fait que le plus fort attire toujours les plus faibles et capte la majorité des financements de projets.
Dans le futur cadre d’une fusion, ce système pernicieux, devra être remplacé par un système d’influence surfacique » (disque) qui mettra l’ensemble des villes ou des zones d’influences sur le même niveau d’action.
Pour ce qui concerne notre future Eurorégion, ce système se composera de deux cercles d’ influences concentriques, maillés entre eux et avec l’ensemble.
- Le cercle extérieur par un maillage avec les autres régions limitrophes pourrait se composer de pôles urbains et économiques existants ou à créer. ( BAB sur la cote Basque, pôles, Bordelais, Périgourdin, Toulousain, et Méditerranéen Montpellier, Narbonne, Perpignan)
- Le cercle intérieur que j’appellerai le « coeur de région » pourrait se composer d’un réseau de villes moyennes, (Par exemple, Pau, Dax, Mt de Marsan, Agen, Albi, Castres, Carcassonne, Foix, St Gaudens, Tarbes, Lourdes), qui par un maillage, pourrait influencer des villes plus petites par des zones satelitaires qui graviteraient sur ce même plan. (Par exemple,Pau / Tarbes / Lourdes, Pau / Oloron / Orthez ou Mauléon / St Palais / St Jean Pied de Port)
Ce système, révélerait très vite les points forts et faibles de ces zones, sur lesquelles devraient porter en priorité les efforts de dynamisation de l’Eurorégion. A la notion de distance de physique (km), seule prise en compte dans le système actuel et que l’ on cherche à supprimer par tous les moyens, devra s’ajouter la notion de distance « fonctionnelle ». Immatérielle aujourd’hui, mais qu’il faudra nécessairement valoriser et prendre en compte demain. Pau est bien physiquement à 30 km de Tarbes, mais fonctionnellement à mille lieues.
Demain, il faudra tendre au rapprochement de ces deux notions. Avec cela, toute la relation Piémontaise Béarn / Bigorre trouvera tout son sens. Des projets actuels d’importance capitale aux yeux de certains, deviendraient secondaires, d’autres, anodins aujourd’hui, prendraient de l’importance.