Tribune Libre : L’agriculture française ? Un objectif mais pas une contrainte…


Yves d'Amécourt

Tribune Libre: Ne laissons pas la France rétrécir !

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/02/2018 PAR Yves d'Amécourt

 

  • Sur les accords internationaux de libre-échange , « Il n’y aura aucune réduction de nos standards de qualité, sociaux, environnementaux ou sanitaires à travers cette négociation». Bref nous gardons nos contraintes tout en ouvrant nos frontières ! Un suicide collectif ! Le président de la République assurant «qu’il n’y aura jamais de bœuf aux hormones en France», même si les accords comme celui avec le Mercosur étaient signés, car il travaillerait à « bien contrôler aux frontières la traçabilité et les normes environnementales et sociales». Une façon de renvoyer la « patate chaude » à la communauté européenne dont on sait qu’elle a déjà du mal à s’assurer d’une concurrence libre et non faussée au sein même de l’union ! Comment le « douanier Macron » compte-t-il s’y prendre ? Les jeunes agriculteurs sont restés sur leur faim !

  • Alors que la France a besoin de libérer les énergies le Président a annoncé des «verrous réglementaires» sur les achats de terres agricoles par des étrangers, une référence à l’acquisition récente par un investisseur chinois de 1700 hectares de terres à blé dans l’Indre et de 900 hectares dans l’Allier… Mais le fond de l’histoire ce n’est pas que les investisseurs étranger investissent en France… C’est que les jeunes agriculteurs n’aient plus les moyens de le faire ! Le jour où l’agriculture française sera rentable l’accès au foncier ne sera plus un problème et les étrangers n’achèteront plus nos terres ! Mais sur la rentabilité des exploitations, pas un mot…

  • Le Président a précisé sa promesse de campagne. Un plan de 5 milliards d’Euros d’investissement consacré à la baisse des produits phytosanitaires, la biosécurité des animaux et des plantes, l’indépendance protéique de la France, la santé et le bien-être au travail, ainsi qu’aux économies d’énergies. En fait, un plan pour permettre aux agriculteurs de faire face à de nouvelles contraintes bien plus que pour permette aux agriculteurs de vivre de leur métier… Il leur propose même un « plan méthanisation » comme complément de salaire… Certes intéressant mais ce sont des investissements et des taches en plus pour des agriculteurs qui travaillent déjà 80 heures par semaine pour gagner à peine le SMIC !

Rien donc pour permettre aux agriculteurs de gagner leur vie. Tour simplement.

Pour preuve cette annonce «Nous allons mettre en place dans le cadre de ce plan un nouvel instrument d’un milliard d’euros de prêts garantis» … Là encore, si nos exploitations agricoles étaient rentables l’Etat n’aurait pas besoin de garantir les prêts !

Tout se passe comme si le Président était au chevet d’un grand malade sans jamais proposer de solution de guérison mais bien plutôt faire le projet d’une espèce de mise sous perfusion : « goute à goute » et « assistance respiratoire »…

Aucune réponse à la question posée quelques jours plutôt par le président des Jeunes agriculteurs (JA), Jérémy Decerle. «Ce que nous venons chercher, ce sont des lignes politiques claires et précises. Ce que nous demandons c’est de pouvoir vivre dignement de notre métier.»

Rien sur l’innovation, la recherche et le développement (génétique, agriculture 3.0, fertilité des sols), le crédit impôt recherche, rien sur l’évolution du statut de l’entreprise agricole, rien sur l’accès au foncier et sur l’installation des jeunes agriculteurs, rien sur la transmission des entreprises agricoles à la nouvelle génération, rien sur la baisse des charges sociales et fiscales (les agriculteurs devront eux-aussi payer l’augmentation de la CSG !) , rien sur l’augmentation des marges, rien sur la protection des exploitations contre les aléas climatiques et économique, aucune assurance sur la future Politique Agricole Commune (PAC) dont le gouvernement ressasse depuis plusieurs mois qu’elle n’est plus sa priorité dans le budget Européen, rien sur les distorsions de concurrence au sein même de la Communauté Européenne (normes sociales et environnementales), rien sur la politique agricole de la France !

Notre Président regarde son agriculture comme une « contrainte » bien plus que comme un filière d’avenir. Pourtant elle occupe la deuxième place dans la balance commerciale de la France avec un excédent de plus de 10 milliards d’euros. Comment renouer avec la croissance nationale sans vouloir miser sur la croissance agricole ?Comment rayer d’un trait de plume le pouvoir stratégique, diplomatique et souverain que donne à un pays une agriculture qui lui permet d’être dans la cours exclusive et enviée des cinq pays structurellement auto-suffisant et exportateurs ?

Le Président veut faire de la France « le pays où l’on mange le mieux, le plus sainement et le plus durablement»… Cet objectif là, il n’aura pas de problème pour l’atteindre car c’est déjà le cas ! Mais sans doute le Président ne le sait-il pas …

 

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