Tribune Libre: Et si l’Aquitaine portait elle-même son ambition agricole ?


Union européenne

Tribune Libre: Et si l'Aquitaine portait elle-même son ambition agricole ?

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/02/2011 PAR Joël AUBERT

De nombreux pays menés par la Grande-Bretagne demandent une forte diminution de budget en mettant en avant des résultats non probants et des retombées sociales et environnementales peu évidentes. La France soutiendra des positions plus conservatrices.

Mais en France même, les aides directes aux agriculteurs sont mal comprises. Bien qu’indispensables à la survie des petites exploitations, elles profitent surtout aux plus grosses (20% des exploitations reçoivent 80% des subventions). Elles n’ont pu pour autant éviter la baisse des prix pour le producteur et la hausse pour le consommateur. En outre la France n’est plus le premier pays exportateur agricole d’Europe, elle est devancée désormais par les Pays Bas et l’Allemagne et l’écart ne cesse de s’amplifier. La disparition du Ministère de l’Agriculture désormais évoquée à chaque remaniement ministériel, et celle des échelons départementaux déjà intervenue, traduisent un réel manque d’ambition dans ce domaine.
Pourtant, les exemples hollandais et allemands démontrent qu’une économie agricole prospère n’est pas irrémédiablement condamnée face aux pays en voie de développement dès lors qu’elle est l’objet d’investissements intellectuels et financiers permettant d’intensifier la production dans le respect de l’environnement. La particularité de ces deux pays est aussi d’avoir une gestion de proximité du fait de la petite dimension des Pays Bas et de la structure fédérale de l’Allemagne.
Les régions françaises ont déjà eu l’opportunité de définir et de distribuer directement une part importante des aides européennes dites du deuxième pilier dans la PAC actuelle. Mais, dans la précédente négociation seule la Corse avait demandé et obtenu la validation d’un tel plan par Bruxelles. Elle a pu y intégrer bon nombre de ses spécificités.

La régionalisation un enjeu fort pour les agricultures du sud de la France

La régionalisation réelle et concrète d’une politique agricole est un enjeu fort notamment pour les agricultures du sud de la France qui rentrent difficilement dans les aides du « premier pilier ». L’Aquitaine par exemple où les filières sont très nombreuses avec une valeur ajoutée apportée par la qualité et la diversification pourrait y trouver les moyens financiers spécifiques nécessaires à leur développement.
Cependant des difficultés réelles doivent être prises en compte. Le deuxième pilier est cofinancé ; il faut donc trouver des ressources internes à mettre en face des crédits européens. Ces aides sont elles-mêmes soumises à l’ensemble des règlements et directives européennes, véritable maquis dans lequel une expertise pointue permanente est indispensable. Car les manquements aux règles communautaires sont lourdement sanctionnés, la prise en compte de ce risque, réel, nécessite une très grande attention dans la construction d’un projet technique et financier. Les programmes sont aussi évalués tout au long de leur déroulement, la spécificité d’un programme régional laisse peu de marge d’interprétation dans son évaluation, à l’inverse de grandes mesures nationales. Ce positionnement nouveau devra être construit sur une large consultation qui conduira nécessairement à examiner de façon critique les propositions de tous les acteurs.Il est donc temps de s’y préparer.

Choisir d’être « autorité de gestion » peut permettre à la région de porter jusqu’au bout une ambition et une vision à long terme de ses territoires ruraux et de son agriculture, à côté des politiques de l’Etat (qui conservera la responsabilité du premier pilier) mais sur un régime autonome et en pleine responsabilité.
Encore faut-il que l’entité régionale continue d’exister et ne devienne pas à l’occasion de la prochaine réforme des collectivités territoriales une simple addition de conseillers généraux.

Jacques Méric, IGGREF

Photo: Union européenne

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles