TnBA : le rêve originel de Dominique Pitoiset


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TnBA : le rêve originel de Dominique Pitoiset

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/05/2008 PAR Joël AUBERT

Voici une épopée pluridisciplinaire et métaphysique réunissant Cadmos, Laïos et Œdipe, devenus les héros mythiques d’une Thébaïde contemporaine réécrite près de 25 siècles plus tard.

Aux origines de la Thébaïde
Avant l’histoire, il y a l’envie et l’intuition, avant l’Histoire il y a le commencement au sortir du néant. « Le Soleil ni la mort … » est explicitement né de ces deux moteurs qui fondent l’acte de l’écriture. A l’origine, il y a un rêve, celui de Dominique Pitoiset, de compiler en une seule et même pièce les trois grands Tragiques faisant allusion au destin de la ville de Thèbes : Euripide et ses « Phéniciennes », Eschyle et Sophocle avec les pièces « Les sept contre Thèbes », « Antigone », « Œdipe à Colonne ». Il propose alors à Wajdi Mouawad « d’écrire dans les lacunes et les interstices de la tragédie grecque » » et de conduire son exploration à partir de la figure centrale d’Œdipe. Une aubaine pour cet auteur de théâtre exilé à plusieurs reprises qui puisera dans cette matière suffisamment de similitudes avec son itinérance pour poser les questions universelles et celles plus symboliques de son existence : le passage aux frontières, l’exil, l’errance ou plus largement celle de l’Histoire que les hommes tentent de construire. L’Antiquité n’ayant conservé aucune tragédie portant sur les ancêtres d’ Œdipe, un vaste champ de possible s’offrait aux deux meneurs de jeu, leur permettant de flirter en toute légalité avec leurs obsessions respectives et de mettre en pratique un théâtre extrêmement visuel et mixte pour l’un et une interrogation constante sur l’essence d’une civilisation et d’un individu pour l’autre.

Une création collective pour un théâtre visuel et musical

Cette création est la cinquième mise en scène de Dominique Pitoiset au TnBA. Pour ceux qui ont suivi son parcours, on se souvient de sa décapante et technoïde «La Peau de chagrin », de sa maléfique « Tempête » de Shakespeare, de ses interrogations métaphysiques pour enfant dans « Albert et la Bombe » et enfin de son dernier spectacle « Sauterelles », écrit par une jeune auteur serbe Biljana Srbljanovic. Un parcours dramaturgique pour le moins contrasté au regard des époques et des origines textuelles traitées. Du 17ème siècle en passant par la Serbie contemporaine et l’actualisation d’un Balzac du 19ème, l’appétit du metteur en scène pour l’adaptation de nouvelles formes, esthétiques et discours semble aujourd’hui insatiable. Il n’est pas surprenant dès lors de le voir s’attaquer aux grands tragiques avec autant d’aplomb et de verve contemporaine. Si l’on se doute que le sujet pourra être déroutant tant la tragédie classique appartient à notre inconscient théâtral, que dire de la forme, qui se voudra un lieu d’expérimentation et de questionnement, à la lisière des arts plastiques et du théâtre. Un théâtre qui donne à entendre mais surtout à voir, « un laboratoire d’anatomie » comme il se plait à le décrire, qui en appellera à ses marottes scéniques les plus identifiables et novatrices. Entouré de quelques-uns de ses collaborateurs présents sur ses précédentes créations, il donnera vie à une tragédie tridimensionnelle expérimentant les techniques de la manipulation de marionnettes, des jeux d’ombres, des illustrations en direct, de la musique live… cheminant vers un théâtre toujours plus visuel. Aux commandes de ces différentes pratiques, on retrouvera notamment Kattrin Michel (illustratrice), André Litolff (musicien), Patricia Christmann (manipulatrice), Christophe Pitoiset (créateur lumière), Nadia Fabrizio (comédienne), Nicolas Rossier (comédien)… sur place pendant trois semaines. Un temps à la fois très long et très court pour cette troupe de théâtre qui aura à sa charge de trouver chaque soir l’énergie et l’équilibre nécessaires au bon déroulement de ce voyage de 2h30 sur les rives méditerranéennes. Une occasion également rare pour le spectateur d’observer d’un peu plus près l’évolution d’une création sur une longue durée, si l’envie lui prenait de se laisser tenter plusieurs fois par l’aventure.

Hélène Fiszpan


Le Soleil ni la Mort ne peuvent se regarder en face.
Un projet de Dominique Pitoiset
Ecrit par Wajdi Mouawad
Illustré par Kattrin Michel et mis en musique par André Litolff

Du 13/05 au 05/06 au TnBA
Bords de scène les 15/05 ; 22/05 ; 29/05 et 05/05
Réservations par téléphone au 05 56 33 36 80 ou sur www.tnba.org




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