A Agen, parallèlement au SIFEL, France-Tabac qui représente le syndicalisme des planteurs et leur organisation coopérative, a rassemblé un millier de professionnels, dont les représentants de tous les pays producteurs de tabac,notamment la Grèce, l’Italie et l’Espagne. Les tabaculteurs français, comme l’explique le directeur de France-Tabac François Vedel, que nous avons rencontré en compagnie de son président Rémy Losser, estiment en effet que l’heure est grave, l’avenir de la production étant selon la profession, menacé. Cela en raison de la réforme de l’organisation commune du marché du tabac qui modifie le régime de soutien et incite à l’abandon de la culture. Si sa première phase (2006-2010), estime François Vedel ,est acceptable avec son découplage partiel des aides (on passe du soutien au volume produit au versement forfaitaire aux exploitations) il n’en sera pas de même par la suite, 50% du soutien devant être attribué à la politique rurale des régions. « Une super modulation qui signifierait qu’il n’y a plus d’avenir pour la culture du tabac ».
Le marché existe
C’est ce volet que les producteurs européens de tabac voudraient voir modifier. On comprend ainsi que les planteurs français aient pu attacher un grand prix à la venue à Agen de Michel Barnier à qui il est demandé de plaider le dossier à Bruxelles. Mais les péripéties politiques lot-et-garonnaises ont fait obstacle à ce voyage, de sorte que les responsables de France-Tabac n’ont pas que des félicitations à adresser aux responsables locaux. En France, l’organisation des planteurs entend toutefois profiter de la grande réflexion en cours -« le bilan de santé de la PAC (Politique Agricole Commune) »- pour obtenir le « recouplage » des aides, s’appuyant sur des exemples existants, notamment le pruneau d’Agen. L’atout principal des producteurs parallèlement « à un déficit d’image catastrophique » est bien le contexte économique. « Nous produirions deux fois plus de tabac nous le vendrions » affirme François Vedel. Il n’y a pas de problème de marché ». Les achats de cigarettes n’ont diminué que de quelques pour cent, et « nombre de cartouches provenant de pays voisins circulent ». Autrement dit, l’importation tend à remplacer la production nationale et européenne.
Plus d’acheteur français
Reste cependant que la France vient de perdre les dernières miettes de son industrie tabacole avec le rachat d’Altadis (résultat de la fusion Seita-Tabacalera) par Imperial Tobacco. Cette disparition éveille beaucoup de tristesse en raison des relations historiques qui existaient entre la Seita et les planteurs français, aussi bien au niveau des achats que de la recherche et de l’expérimentation à travers l’Institut des Tabacs de Bergerac. La firme britannique préserverait cependant ce dernier ainsi que les unités de fabrication. Elle doit aussi maintenir le même niveau d’approvisionnement en tabac français. On s’interroge cependant sur la qualité de ces nouvelles relations. Les Anglais sont les Anglais, « et ce sont avant tout des comptables ». « Et les centres de décision s’éloignent » constate le directeur de France Tabac. Cependant Imperial ne sera que l’un des principaux acheteurs: Philip Morris doit absorber des volumes presque équivalents de tabacs produits en France.
Gilbert Garrouty
Notre photo: François Vedel et Remy Losser (Ph Aqui)