STEP : 20 ans d’innovation


Depuis 2001, 200 postes en insertion ont été créés au sein de l'entreprise d'insertion STEP. 60% des personnes en parcours ont trouvé un emploi durable après cette expérience professionnelle

Kenny Bertonazzi directeur général de l'entreprise d'insertion STEP (Pau)Aqui.fr

Kenny Bertonazzi directeur général de l'entreprise d'insertion STEP (Pau)

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Temps de lecture 7 min

Publication PUBLIÉ LE 05/10/2021 PAR Solène MÉRIC

Fin septembre, STEP, entreprise d’insertion implantée sur la technopole Hélioparc à Pau, fêtait ses 20 ans d’existence. Mieux, elle fêtait ses « 20 ans d’engagement » au service de l’insertion. Initialement dédiée à la numérisation de documents, elle s’est diversifiée jusqu’à désormais être aussi présente sur des activités de formation. Un pas de plus dans son engagement pour l’inclusion des personnes éloignées de l’emploi. Kenny Bertonazzi, le directeur général de STEP, revient sur 20 ans d’actions, de diversification, de relation au territoire et surtout de partage d’une vision au service d’un credo : « personne n’est a priori inemployable ».

STEP, comme toute entreprise se doit d’être compétitive dans les activités et services qu’elle propose. Compétitivité et bonne santé économique sont d’ailleurs les conditions sine qua non pour lui permettre de répondre à son ambition : « être une passerelle vers l’emploi durable de personnes aux parcours fragilisés », décrit Kenny Bertonazzi. En chiffres, 93% des programmes d’insertion et d’inclusion de l’entreprise sont autofinancés, seuls les 7% restants, sont issus de subventions publiques. En d’autres termes, une « entreprise citoyenne », commente son directeur général.

Numérisation, documents et courriers

A sa création, STEP s’est lancée dans un domaine peu courant pour une entreprise d’insertion : le numérique. Objectif : être attractif auprès des jeunes des quartiers prioritaires de Pau, et notamment du quartier de l’Ousse des bois. « Or le numérique, il y a 20 ans, c’était de la numérisation et du traitement de données », précise Kenny Bertonazzi. Un métier historique qui a donc permis de construire les premiers parcours d’insertion, via des CDD I (CDD d’insertion) sur une période maximale de 24 mois. STEP a en outre rapidement intégré des travaux de PAO. « On réalise par exemple, le catalogue de l’Hôtel des ventes de Pau », illustre Kenny Bertanozzi qui ajoute « on a également une forte expertise sur tout ce qui est extraction de données, reconnaissance optique de caractère, lecture automatique du document, recherche automatique de document ».

Mais au-delà de ces activités regroupées sous un pôle « Flux documentaires », STEP, après avoir difficilement vécu la crise de 2008, s’est diversifiée au tournant des années 2010 en proposant un service alternatif postal, agréé par l’ARCEP. « On distribue environ 100 000 courriers par an, ça nous permet de développer une autre forme de relation au territoire. Une notion de service au territoire, qu’on a cherché à approfondir ». Car la relation aux acteurs locaux et au territoire, n’est pas de l’ordre du détail pour le dirigeant.

Services de territoire

De cette réflexion autour du service, est née, « La petite conciergerie paloise », ensuite passée sous licence de marque avec La conciergerie solidaire de Bordeaux. « Concrètement on apporte une couche « services » très variée aux collaborateurs d’une entreprise : du pressing, à la cordonnerie, en passant par la livraison de paniers de légumes… On procède par intermédiation avec des fournisseurs qu’on a identifiés pour leur impact environnemental ou social, ou on réalise nous-même la prestation comme la livraison par exemple », présente Kenny Bertonnazi. Activité en développement, la conciergerie compte ainsi parmi ses clients de grands comptes comme EDF Pau, EDF Anglet, ou encore Terrega pour certaines prestations.

Enfin dernière activité de STEP développée au sein de ses « services de territoire » : Les Triporteurs palois. « Nous avons un local proche du centre-ville de Pau ; les camions y déposent leurs palettes que l’on va ensuite mettre sur un vélo cargo pour livrer les commerces ou hôtels du centre-ville pour le compte de nos clients transporteurs tels que DB Schenker, Heppner, BMV. Ca ne fait pas de bruit, il n’y a pas de nuisance ni sonore ni olfactive, pas d’impact sur la qualité de l’air… »

Si cette activité autour du dernier kilomètre, créée juste avant le confinement de mars 2020 a connu _logiquement_ des débuts difficiles, elle s’est diversifiée en juillet dernier grâce à un partenariat avec Chronopost pour la livraison de colis. Et les tripoteurs assurent aussi de plus en plus de livraisons entre commerçants ou entre commerçants et clients. Une activité logistique qui n’a pas fini de se développer. L’entreprise porte en effet aussi le projet d’organiser une logistique autour des biodéchets collectés auprès des cafés et des restaurants de la ville. « Ca nous plaît bien d’être capable de travailler sur des filières qui permettent de réutiliser, réemployer, revaloriser, ce qui était considéré comme déchet » se satisfait le patron qui espère pouvoir tendre cette nouvelle corde à son arc « dès 2022 ».

« Le coût de l’inaction est bien supérieur à celui de l’action »

Une préoccupation environnementale qui colle à la peau de l’entreprise et coïncide avec son ambition sociale naturelle à l’inclusion. Plus qu’une ambition les résultats de STEP sont probants : avec 200 postes en insertion créés depuis 2001, 60% des personnes en parcours trouvent un emploi durable dans les 6 mois après la fin de leur contrat chez STEP. Avant d’être recrutées par l’entreprise, ces personnes sont orientées par des prescripteurs tels Pôle emploi, Cap emploi, les missions locales, etc. « On leur propose un emploi rémunéré légèrement supérieur au SMIC, afin qu’elles puissent prendre confiance, se poser, lever certains freins (santé, logement), et une fois ces freins levés, travailler un projet professionnel avec l’accompagnement d’une chargée d’insertion professionnelle ». Le tout aussi en lien avec la structure locale A.CO.R, spécialiste du marché « caché » de l’emploi, « pour détecter des postes de travail pouvant correspondre aux compétences de nos salariés en parcours », décrit le directeur général. A l’heure actuelle sur les 40 salariés de STEP, 16 sont en parcours d’insertion.

« Une mise en situation en emploi » au sein des activités de STEP, qui, pour autant, ne satisfait pas totalement Kenny Bertonazzi, par ailleurs impliqué au niveau national sur ces questions d’inclusion par l’activité économique, et depuis 2020, adjoint à la Ville de Pau ( chargé des Quartiers Est, Emploi et Insertion, Économie Sociale & Solidaire et Mobilités Douces). Partant du double constat que « le frein principal à l’inclusion, c’est la qualification » et que « le coût de l’inaction est bien supérieur à celui de l’action », le chef d’entreprise a décidé d’élargir la mission d’insertion de STEP en développant à compter de 2017 un pôle formation. Labellisé « Grande école du numérique », ce pôle s’appuie sur les pédagogies innovantes de l’école Simplon (basée à Montreuil).

Parcours certifiants longs
A ainsi d’abord été créée une formation développeur web, niveau bac +2  « accessible sans prérequis ». A travers la création de cette « Fabrique du numérique » au sein de STEP, « nous avions l’idée de pouvoir amener des profils plus variés, et plus de diversité sur ces métiers du numérique », explique le dirigeant. Un objectif atteint puisque « dès la première promotion, on avait des personnes de 19 à 60 ans, du brevet des collèges au doctorat ». Une première satisfaction, accompagnée d’une frustration :« on s’est aperçu que ce que l’on proposait n’était pas forcément suffisant : il manquait un marche autour de l’expérience ».

A l’issue de la deuxième promotion, est donc lancée une licence en alternance en 18 mois. « C’est un bac +3/4 destiné à être une suite de parcours de nos apprenants bac + 2, pour un titre de concepteur développeur d’application ». Autre innovation au service de l’inclusion : un déploiement de la formation en milieu rural et l’investissement dans différents outils permettant d’avoir une partie des cours en distanciel. Autant d’initiatives à succès puisque malgré les confinements, « 90% des apprenants ont obtenu leur titre », souligne avec satisfaction Kenny Bertonazzi. Une réussite qui a poussé STEP à lancer l’an dernier, un nouveau parcours certifiant long autour du métier de technicien d’assistance informatique. Une première formation de niveau bac, « avec une suite bac + 2 en alternance, qu’on lance cette année, qui est technicien supérieur en système et réseau ».


« Lire, écrire, compter ne suffit plus »

Mais les initiatives en termes d’inclusion ne s’arrêtent pas là ! Tous les CCD I embauchés sur la partie production de l’entreprise suivent chaque semaine 1h30 à de formation sur les fondamentaux du numérique. « Désormais lire, écrire, compter ne suffit plus », constate le Directeur général. Une thématique de formation autour de l’inclusion numérique qui se prolonge aussi dans le cadre de France Relance. STEP a en effet été retenue pour porter deux conseillers numériques qui seront mis à disposition gratuitement aux structures locales. Leur rôle : faire de la médiation numérique, étudier les besoins, construire des ateliers adaptés, etc.
« Ces deux conseillers numériques sont deux anciens collaborateurs en parcours chez nous !», souligne content le dirigeant. Autre point d’importance aussi : c’est STEP qui forme tous les conseillers numériques du Béarn en tant que Fabrique numérique associée à l’école Simplon. Il faut dire que l’école basée à Montreuil a, avec l’AFPA, remporté l’appel d’offre national pour ces formations.

Trio production, formation et école d’application
Mais du haut de ses 20 ans, l’entreprise ne relâche pas ses efforts sur l’innovation pour marier activité économique et inclusion. Deux nouvelles activités viennent en effet d’être créées, en lien avec le pôle formation : un atelier numérique et un studio de développement. De véritables « écoles d’application », explique Kenny Bertonazzi. Sont recrutés au sein de ces nouveaux services, les alternants des formations qui n’ont pas trouvé d’entreprise pour les accueillir. Parmi eux « deux réfugiés syriens d’un certain âge avec un bon niveau de qualification » mais dont cette une première expérience professionnelle française pourra « rassurer » de futurs recruteurs parfois un peu frileux…

Un trio production, formation et école d’application, qui permet là encore d’élargir les relations que STEP peut mettre en oeuvre avec les entreprises et acteurs du territoire. Si les entreprises d’insertion ont été créées dès les années 1970, « ce lien entre production et formation, et la liberté que ça nous laisse est très nouveau, s’enthousiasme Kenny Bertonazzi. On peut mettre en place des apprenants, faire réaliser des stages ou bien encore réaliser de la prestation », synthétise-t-il. Autant de nouveaux biais permettant d’amener les personnes sur le chemin de l’inclusion dans un réseau d’acteurs territoriaux sans doute précieux pour leur futur recrutement… Et à l’inverse de souligner le rôle, voire la responsabilité, de ces mêmes entreprises et acteurs locaux pour améliorer la cohésion sociale de leur territoire.

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